Les garde-côtes italiens ont arrêté les responsables d’un réseau de passeurs opérant leur trafic de migrants illicites entre la Tunisie et la Sicile.
Dans une opération policière baptisée «Rascasse», menée par la section financière de la police italienne et coordonnée par le procureur de Palerme Francesco Lo Voi et les procureurs généraux Gery Ferrara and Claudia Ferrari, 15 suspects ont été arrêtés pour trafic de migrants et contrebande de cigarettes, selon un document officiel dont l’agence Reuters a obtenu une copie. Tous les suspects sont des personnes qui résident en Italie et la plupart seraient d’origine tunisienne.
La police italienne a révélé que jusqu’ici 12 des personnes recherchées ont été arrêtées et que 2 hors-bords et 10 voitures appartenant à ce réseau de trafiquants ont été saisis.
Selon les termes du mandat d’arrêt émis par la justice italienne, cette organisation criminelle offrait à ses clients «un transport maritime sûr, secret et rapide», qui durait moins de 4 heures et ne coûtait «que» 3000 euros (soit près de 8.300 dinars tunisiens) et était «du coup très attractif.»
Depuis 2014, l’on estime que plus d’un demi-million de migrants ont tenté de traverser illégalement la Méditerranée pour rejoindre l’Europe via l’Italie, mais la plupart d’entre ces personnes ont eu à payer nettement moins à leurs passeurs basés en Libye – c’est-à-dire, en moyenne entre 1300 et 3200 dinars – pour un voyage à bord d’embarcations surchargées et peu sûres qui se terminait très souvent tragiquement.
En effet, quelque 12. 200 passagers ont ainsi trouvé la mort durant les 3 dernières années et demie. Et ces migrants illicites qui ont pu réussir cette traversée ont dû, la plupart du temps, passer plusieurs jours sur des canots de sauvetage et ils ont fini dans les nasses des services d’immigration italiens.
Par contre, les présumés passeurs de ce réseau tuniso-italien offraient la traversée de 200 kilomètres en moins de quatre heures et garantissaient une arrivée sur le sol italien «complètement indétectable», selon le procureur Francesco Lo Voi, qui ajoute : «Et c’est là que réside le danger de ce réseau: il y a cette capacité à éviter tous les obstacles et, également, le fait que ce réseau puisse également assurer le transport de personnes qui ne devraient pas être autorisées en Italie ou en Europe.»
Selon certaines informations, le juge italien fait allusion au fait qu’il ne s’agirait pas uniquement de migration clandestine traditionnelle, c’est-à-dire pour des raisons économiques, mais il y aurait des craintes sérieuses que ce nouveau réseau puisse également permettre à certains éléments jihadistes de faire des incursions en Europe.
Des écoutes téléphoniques semblent soutenir cette thèse…
Marwan Chahla
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