Des zombis qui croient diriger la Tunisie ?
Qui a dit que Nidaa et Ennahdha sont deux lignes parallèles qui ne se rencontreront jamais et si, par un miracle divin, cela se produirait, «fala hawla wala koua illa billah»?
Par Tarak Arfaoui *
Après avoir subi, 6 ans durant, les travers de la grande majorité des partis politiques tunisiens, après avoir supporté leurs mensonge, leur hypocrisie et leur inconsistance, voici que certains «grands partis» de la place, en plein processus de décomposition, essayent, via des joutes politiciennes de basse facture, de faire encore une fois avaler à leurs militants qui se font de plus en plus rares et à l’opinion publique, médusée par tant d’effronterie, leurs couleuvres incomestibles.
Un mariage «orfi» sous le sceau du fumeux «tawafeq»
Nidaa Tounes et le mouvement islamiste Ennahdha, les partis majoritaires à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), déstabilisés par la tournure qu’ont pris, ces derniers jours, les événements politiques aussi bien au niveau de la scène nationale qu’internationale, n’ayant plus de crédit du fait de leur incompétence étalée au grand jour, noyés dans des combines douteuses où terrorisme et corruption font bon ménage, essayent actuellement de sauver les meubles par l’officialisation d’un mariage «orfi» sous le sceau du fumeux et hypocrite «tawafeq» (consensus), un avorton des cogitations présidentielles.
Nidaa Tounes est devenu, au fil des ans et des vicissitudes, un appel sans résonance, car très vite transforme par ses dirigeants actuels en une coquille vide. Son secrétaire général autoproclamé, Hafedh Caid Essebsi, et son entourage de ramassis d’opportunistes, qui a pris les rênes du parti grâce à un véritable putsch, n’a pas fini sa descente aux enfers.
Dirigeant le parti avec une mentalité de viragiste du derby du dimanche, sans culture ni envergure politique ni aucun bagou, héritier de son père mais pas de son aura, il a su rassembler autour de lui toute la racaille des opportunistes de la place, des affairistes véreux, des cul de jatte politiques qui ont grandement terni l’image du parti perçu dans l’opinion publique comme un clan de Cosa Nostra.
Les démissions se succèdent toutes les semaines et le parti, finalement vide de sa substance, a éclaté en 3 morceaux, en attendant de nouvelles défections. Pour survivre à cette hécatombe et sur les conseils éclairés d’un caméléon politique hors pair, en l’occurrence Borhen Bsaies, Nidaa Tounes n’a pas trouvé mieux que de «concubiner» avec le Mouvement Ennahdha pour mieux se noyer dans ses eaux pieuses.
La dérive a commencé par une rencontre à Paris entre les deux gourous: Caïd Essebsi et Ghannouchi.
Ennahdha pourra-t-il éviter l’éclatement ?
Le parti islamiste, dont l’idéologie et les convictions politiques sont aux antipodes de ceux pour lequel Nidaa Tounes a été créé, n’a pas résisté à l’aubaine de s’acoquiner avec un parti «civil» pour redorer son blason terni par son passé terroriste et son présent obscurantiste.
Ennahdha, malgré un calme de façade, est aussi miné par de graves des dissensions internes entre divers clans mais fidele à ses traditions, «taqiya» oblige, rien de public ne transparaît. Son gourou Rached Ghannouchi, fait inimaginable il y a quelques temps est désormais sur la sellette et il risque fort, sur le plan international, d’être rattrapé par son passe d’activiste islamiste radical.
Les faucons du parti ne sont pas prêts à remettre les armes de la subversion et de la violence et les soi-disant «modérés», font semblant d’accepter pour le moment le jeu démocratique au grand dam des militants qui déboussolés n’ont plus de repères clairs.
Un éclatement d’Ennahdha semblable à celui de Nidaa Tounes n’est donc pas du tout à exclure.
Dans tout ce cirque, ce rapprochement entre Nidaa et Ennahdha est semblable à un amalgame entre un manchot et un cul-de-jatte produisant une créature difforme hideuse qui finira par disparaître. Ce mariage contre-nature avec sa dot de manigance et d’hypocrisie ne vivra aucune lune de miel et finira dans très peu de temps par un divorce sans aucune procédure.
Du fait de leur positionnement politique, Nidaa et Ennahdha sont, comme l’a dit un célèbre politicien (n’est-ce pas Béji Caïd Essebsi ?), comme deux lignes parallèles qui, selon les lois de la physique, ne se rencontreront jamais et si par un miracle divin cela se produirait, «fala hawla wala koua illa billah» (Rien n’égale la force divine).
* Médecin de libre pratique.
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