Les agents de voyages, qui viennent d’apprendre que l’enveloppe en devises pour l’exercice de cette année est épuisée, craignent pour la pérennité de leur activité.
Par Hamma Hanachi
C’est un segment du secteur des voyages dont on ne parle pas ou si peu : l’outgoing, autrement dit les départs des nationaux à l’étranger, les uns pour des vacances, les autres pour des soins, des lunes de miel ou encore pour les études.
La crise atteint l’outgoing
Deux cents cinquante agences pratiquent l’outgoing et, en comparaison à d’autres secteurs, elles tiraient, jusque-là, leur épingle du jeu ou plutôt supportent mieux la crise. Mais les problèmes de ce segment gonflent à vue d’œil surtout que le dinar, la monnaie nationale tunisienne, pique du nez.
Ces problèmes sont remis sur le tapis à chaque saison lorsque les professionnels des voyages réclament leur dû en devises au ministère de tutelle. Leur dû?
Nous sommes en pleine période d’activités touristiques, aussi bien pour les arrivées que pour les départs. Les agences de voyages viennent d’apprendre que l’enveloppe en devises pour l’exercice de cette année est épuisée.
Pire, cette enveloppe est dépassée de 15 millions de dinars tunisiens (MDT), empêchant les voyagistes d’honorer leurs engagements et même de «fermer boutique», selon les termes de Mohamed Ali Toumi, président de Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), qui a réuni ses troupes pour une conférence de presse, lundi 17 juillet 2017, et à laquelle il a convié le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), deux représentants du ministère du Tourisme et de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT).
Quand l’UGTT s’en mêle
Une étude commandée par la Banque centrale de Tunisie (BCT) et les ministères des Finances et du Tourisme estime que l’enveloppe pour 2014 est évaluée à 20 MDT. Ce montant devrait atteindre 40 MDT en 2016 et à 50 MDT en 2017. Or, lors d’un conseil interministériel tenu en février dernier, il a été décidé de limiter l’enveloppe à 25 MDT, d’où la grogne des professionnels. Levée de bouclier, M. Toumi estime que le secteur est devenu le dindon de la farce.
Le mot n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Kamel Saâd, secrétaire général adjoint de l’UGTT, comme on s’y attendait, résume le conflit en deux phrases : «Si ne solution n’est pas trouvée sous peu, on haussera le ton».
Tout porte à croire qu’avec l’appui de l’UGTT, le président de la FTAV part gagnant dans le bras de fer engagé avec le ministère des Finances et la BCT.
De son côté, Fehmi Houki, directeur général des services communs au ministère du Tourisme, déclare que son ministère envisage des solutions avec la BCT pour débloquer, à court terme, 15 MDT supplémentaires pour pallier aux urgences des voyagistes, dont le paiement des clients étrangers. Affaire à suivre…
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