L’activiste féministe Amina Sboui (ancienne membre de Femen) a mis au monde un bébé. Une fille prénommée Gemma Rosalba Fatma.
L’activiste, sulfureuse et atypique, a fait savoir hier, vendredi 21 juillet 2017, que la fille qu’elle attendait avec impatience est enfin venue au monde.
Déjà, le 12 juillet, en future maman prévenante, Amina a effectué les démarches auprès de la municipalité pour être sûre que les prénoms qu’elle a choisis pour sa fille seront acceptés et éviter ainsi toute mauvaise surprise à la naissance.
La vie d’Amina Sboui, qui compte à peine 23 printemps, n’a pas été, jusque-là, un long fleuve tranquille. Elle s’est fait connaître en mars 2013, en diffusant sur les réseaux sociaux sa photo seins nus avec, écrit sur son corps, ce slogan qui est tout un programme : «Mon corps m’appartient et n’est source d’honneur pour personne».
Cette photo a fait le buzz et suscité une controverse, lui valant des insultes et des menaces de mort de la part des islamistes. Elle a été séquestrée par sa famille, avant de prendre la fuite, un mois après, et de rejoindre le mouvement Femen, qu’elle a quitté, peu de temps après, estimant que ses membres sont islamophobes.
Le 19 mai de la même année, elle a été arrêtée pour avoir fait un tag sur le mur d’un cimetière à Kairouan, en marge du congrès du groupe terroriste Ansar Al-Charia. Elle a été arrêtée et poursuivie pour profanation d’un cimetière et… détention d’un aérosol. Libérée le 1er août de la même année, elle s’est réfugiée, 3 semaines après,en France.
En février 2014, Amina Sboui sort un livre retraçant son parcours : « Mon corps m’appartient« , tout en poursuivant son militantisme en faveur de la femme, n’hésitant pas à manifester nue, notamment à Paris. Quelques mois après, elle est poursuivi pour dénonciation de délits imaginaires, après avoir inventé une agression par 5 salafistes place de Clichy. Elle s’en sortira avec une amende de 1.500 euros.
La militante féministe est rentrée en 2015 en Tunisie et a fait son coming out en annonçant son homosexualité, avant de s’engager dans la défense de la communauté LGBT en Tunisie. La même année, elle a figuré dans le classement des 100 femmes les plus influentes dans le monde, réalisé annuellement par la BBC.
Amina arrêtée à Paris, lors d’une manifestation.
Mais un an après, des membres de l’association Ouled Sidi Bou Saïd se sont mobilisés et appelé à faire expulser Amina de leur village, estimant que sa présence «dérange les familles», un mouvement qui fera pschitt.
La nature a fini par prendre le dessus et Amina, rattrapée par l’instinct maternel, a mis au monde une fille, et c’est une nouvelle vie qui s’ouvre devant elle.
Aussi atypique qu’elle puisse paraître aux yeux de beaucoup de ses compatriotes, on peut reprocher beaucoup de choses à Amina, sauf sa sincérité. Cette femme n’a pas froid aux yeux et ne fait que ce que lui dicte son cœur. Elle s’assagira peut-être et mettra de l’eau dans son vin, mais elle ne transigera pas sur ce qu’elle considère comme essentiel: sa liberté de femme.
Yüsra Nemlaghi
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