Le théâtre de plein air de Hammamet a accueilli, le soir du mardi 1er août, Tinariwen, le groupe mythique du blues touareg.
Par Fawz Ben Ali
Le concert du groupe malien à la renommée internationale fut l’un des moments forts de cette édition d’autant plus que cette date coïncidait avec la sortie de leur tout nouvel album ‘‘Alwen’’. Les fans du groupe et les curieux des sons ethniques étaient au rendez-vous pour savourer un bon blues aux couleurs touareg.
Après un concert mémorable au Musée de Carthage en 2013 dans le cadre du festival de musique underground Mousiqa Wassalem, les Tinariwen reviennent en Tunisie après quatre ans d’absence pour des retrouvailles en chaleur avec le public tunisien venu très nombreux ce soir-là, avide de cette musique qui nous vient tout droit du désert et qui porte en elle toute une philosophie de vie.
Un moment de dépaysement musical
Connus comme les pionniers du blues touareg, les Tinariwen sont devenus en 35 ans de carrière la référence du genre inspirant de nombreux nouveaux groupes qui suivent leurs pas. Blues men, rockeurs, ou berbères purs et durs, on a du mal à caser ces musiciens du désert qui mettent le feu là où ils débarquent.
Ce soir-là à Hammamet, ce fut un moment de musique instinctive et unique portée par des voix graves qui réchauffent les cœurs. Bien que la langue tamasheq (langue des touaregs) nous soit étrangère, la musique tinariwenienne nous interpelle, nous emporte et nous émeut, car il s’agit d’une signature musicale et vocale singulière, se plaçant au dessus du flot des sons et des rythmes livides que l’on nous impose à longueur de journée.
Mais, les Tinariwen font tant de bien à nos oreilles en nous invitant à un moment de dépaysement pour échapper aux tubes du moment passés en boucles sur nos radios et qui écrasent le plus souvent des expressions musicales underground beaucoup plus intenses.
Heureusement que le festival de Hammamet, qui nage à contre-courant de la vague commerciale, ne cesse de nous faire découvrir les perles des musiques du monde et de nous émerveiller avec des artistes d’exception d’ici et d’ailleurs.
Aussi authentique que moderne
Exilés de leur pays natal, le Mali, où la guerre et l’islamisme n’ont pas laissé de place à la musique, les membres du groupe restent fiers de leur identité touareg qu’ils brandissent haut et fort en gardant toujours leurs habits traditionnels et en ne chantant que dans leur langue maternelle.
Malgré des tournées dans le monde entier et des collaborations avec les plus grands noms du rock (Red Hot Chili Peppers, Robert Plant, Carlos Santana…), les Tinariwen ont su préserver leur authenticité pour ainsi demeurer les maîtres du blues touareg, un style qu’ils pimentent de rock et présentent sous une forme très personnelle.
Transporté par cette énergie solaire, le public de Hammamet s’est déchaîné près d’une heure et demie sur une musique aussi primitive que moderne en continuelle recherche et à la croisée des styles, explorant tout un tas d’univers, tout en restant attachée à ses racines du désert africain et de la culture berbère.
C’est une musique nomade comme ses auteurs qui invite à la danse mais qui porte en elle toute la souffrance des peuples du désert. Les textes restent toujours engagés et le tout nouvel album ‘‘Alwen’’, 8e de leur discographie, qui était mis en avant à la soirée de Hammamet n’échappe pas à la règle, c’est d’ailleurs le secret du franc succès que connaît le groupe dans le monde entier.
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