Un client tunisien n’admet pas qu’on ait refusé de lui servir de l’alcool, le jour de l’Aïd El-Kébir, à l’hôtel El Mouradi-Hammamet (5 étoiles).
En fait, c’est le ministère de l’Intérieur qui interdit à tous les commerces de servir de l’alcool aux Tunisiens lors des fêtes religieuses musulmanes, ainsi que pendant le mois de ramadan.
C’est ce que le client en question, Khaled Ferid Bensoltane, juriste de son état, est censé ne pas ignorer, mais il rappelle, à juste titre, que les Tunisiens ne sont pas forcément tous musulmans.
La liberté de culte étant, par ailleurs, garantie par la constitution (article 6), M. Bensoltane dénonce le refus de servir de l’alcool à un Tunisien le jour de l’Aïd, qu’il qualifie d’injustice qui s’apparente à un délit de faciès.
Lorsqu’on lui a refusé son Ricard, vendredi 1er septembre 2017, M. Bensoltane a rappelé au gérant de l’hôtel que «le Tunisien n’est pas nécessairement musulman, il peut être juif, catholique ou même athée», estimant être victime d’une atteinte à sa liberté individuelle.
«Il n’est pas écrit sur mon front que je suis musulman et ma carte d’identité nationale ne mentionne pas ma religion, contrairement à d’autres pays. L’article 6 de la nouvelle constitution garantit la liberté de conscience et la liberté du culte», a déploré Khaled Ferid Bensoltane, ajoutant que le gérant de l’hôtel lui aurait répondu qu’il ne connait pas la constitution mais respecte la charia.
Vérification faite auprès de la direction de l’hôtel El-Mouradi Hammamet, on se souvient bien de M. Ben Soltane et on confirme que son Ricard lui a bien été refusé, «conformément à une ordonnance du ministère de l’Intérieur. Ce client est resté jusqu’à minuit et, peu après minuit, on lui a bien servi l’alcool», affirme Imen, assistante de direction, tout en démentant catégoriquement l’histoire de la charia.
«J’ai vérifié avec le gérant. Il n’a nullement dit cela et, de toute manière, il ne peut pas travailler dans le tourisme et l’hôtellerie et avoir une pareille orientation. Je pense que le client en rajouté un peu, voire beaucoup, par vengeance, bien qu’au final, il a bien eu son verre», a-t-elle confié à Kapitalis.
Pour la direction de l’hôtel, le gérant n’a fait que respecter la loi et se plier à une circulaire du ministère de l’Intérieur. Et c’est cette circulaire qui semble poser problème, car elle est en contradiction avec la loi fondamentale de la république tunisienne.
Y. N.
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