Le déficit commercial de la Tunisie pourrait atteindre 15 milliards de dinars à la fin de 2017. Que va faire le gouvernement Chahed pour stopper cette hémorragie ?
Par Mohamed Chawki Abid *
Depuis quelques mois, les princes aux commandes de l’Etat tunisien essaient d’assimiler leurs prestations aux réflexes de l’épicier pour tenter de se défendre face aux critiques de la société civile et aux préoccupations des Tunisiens quant à la surpression fiscale, l’iniquité contributive, la dégradation des services publics, l’effondrement du pouvoir d’achat, le dérapage de la balance commerciale, la fonte des réserves en devises, l’envolée de l’endettement extérieur et la chute du dinar.
Jour après jour, nous constatons qu’ils sont bien pire que les épiciers maladroits, dans la mesure où ils n’arrivent même pas à gérer leur dépenses au vu de leurs recettes, tant en termes de finances publiques qu’en termes de flux extérieurs.
A titre d’illustration, l’Institut national de la statistique (INS) vient de publier que le déficit commercial a dépassé le pallier de 10 milliards de dinars tunisiens (DT) pour les 2/3 de l’année en cours, et qu’il pourrait dépasser les 15 milliards DT au titre de l’année 2017, soit une aggravation d’environ 15% par rapport à 2016.
Le rapport de l’INS révèle que nos importations en biens de consommation – autre qu’alimentaires – demeurent en hausse avec un taux de 24%, suite particulièrement à l’augmentation de nos achats en voitures de tourisme de 8% (1.134 millions de dinars tunisien, MDT contre 1.050 MDT), huiles essentielles et parfumerie de 21% (241 MDT contre 199 MDT) et en articles en plastique de 18% (984 MDT contre 835 MDT).
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que nos échanges sont lourdement déficitaires avec la Chine (-2802 MDT), l’Italie (-1348 MDT), la Turquie (-1182 MDT), la Russie (-877 MDT) et l’Algérie (-383 MDT), soit environ 65% du déficit commercial global.
Nous demeurons très attentifs aux premières actions qui seront entamées par les nouveaux responsables du commerce extérieur, suite au dernier remaniement du gouvernement, pour stopper l’hémorragie et reverser la vapeur. On peut rêver…
* Ingénieur économiste.
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