Faïza Souissi malmenée devant ses élèves par des parents extrémistes religieux.
L’affaire de l’enseignante Faïza Souissi de Sfax continue de susciter les condamnations des syndicats, partis et organisations de la société civile.
Après Machrou Tounes, par la voix de son secrétaire général Mohsen Marzouk, Afek Tounes, ou encore le Front populaire, qui ont publié des communiqués appelant à protéger le corps enseignant et à préserver l’école des intrusions idéologiques et politiques, le ministère de l’Education a publié, hier, dimanche 18 septembre 2017, en fin de soirée, un communiqué où il annonce l’ouverture d’une enquête sur ce qui passé, vendredi, jour de la rentrée scolaire, à l’école primaire de la Cité El Bahri 3, à Sfax.
Le porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) Sami Tahri a, de son côté, qualifié l’agression contre l’enseignante par un groupe de soi-disant parents d’élèves de «crime contre non seulement l’enseignante Faïza Souissi, mais aussi contre le corps enseignant et l’école tunisienne».
L’enseignante, membre de la section de Sfax de l’Association tunisienne des femmes de démocrates (ATFD), a fait l’objet d’une campagne de dénigrement, allant jusqu’à la traiter de mécréante, ce qui équivaut à un appel au meurtre, tout en l’empêchant, vendredi 15 septembre, de dispenser ses cours à l’école primaire de la Cité El Bahri 3 de la part d’un groupe de barbus et de voilées, probablement des extrémistes religieux, ce qui a nécessité son évacuation sous escorte sécuritaire.
La vidéo de cette scène qui a fait le tour des réseaux sociaux depuis samedi montre des parents furieux, devant une école réclamant le renvoi pur et simple de l’enseignante. Pis encore: la scène, une sorte de tribunal de l’inquisition, se passe devant les yeux des enfants qui assistent à l’humiliation de leur institutrice.
Sami Tahri a précisé que cette enseignante «a passé 34 ans de sa vie dans l’enseignement» et que «l’UGTT fait porter la responsabilité au ministère de l’Education» et qu’elle «déposera plainte contre le délégué régional de l’éducation qui a accusé l’enseignante de troubles psychiques».
Par ailleurs, «l’UGTT appelle le syndicat de l’enseignement de base à défendre Faïza Souissi et l’école tunisienne». Et la société civile à se mobiliser contre ces agissements qui menacent la société tunisienne.
L’Association des femmes démocrates exprime dans un communiqué rendu public hier samedi 16 septembre 2017 son soutien à l’enseignante et appelle les autorités régionales à mettre un terme à ces pratiques rétrogrades constatées, chaque année, contre plusieurs enseignantes et enseignants et réclame des poursuites judiciaires à l’encontre des agresseurs et une protection des éducateurs et de l’institution scolaire.
Les parents sont de plus en plus présents dans le système éducatif, et à leur demande, un dialogue est instauré avec l’administration et le corps enseignant. Mais quand il s’agit de remettre en cause l’enseignement, d’exiger la suppression d’une punition, d’une mauvaise note, ou encore de venir dans l’unique but de défendre à tort leur fils ou leur fille et de «casser de l’instit», là, on s’installe en pleine gabegie. C’est la loi de la jungle.
Le ministère de l’Education doit nécessairement protéger ses cadres car jusqu’à preuve du contraire, les parents n’ont pas vocation à prendre la place des enseignants quand il s’agit de prodiguer un enseignement aux enfants.
H. M.
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