Carrefour Sousse, qui sera érigé au coeur de Mall of Sousse, sera le 3e hypermarché en Tunisie, après Carrefour la Marsa et Tunis City Géant sur l’autoroute Tunis-Bizerte.
Par Khemaies Krimi
La grande distribution en Tunisie sera bientôt enrichie par l’édification, à Kalaa Kebira, à Sousse, d’un hypermarché portant l’enseigne française Carrefour.
De la dimension de Carrefour La Marsa à Tunis (10.000 m2), le nouveau centre commercial sera le noyau d’une zone de chalandise élargie portant les couleurs du groupe Mall, champion de la grande distribution américaine.
L’hypermarché à Sousse était prévu
Le président de la république Béji Caid Essebsi vient d’en poser la première pierre à l’occasion de sa récente visite à Sousse, le mercredi 4 octobre 2017.
Conçu pour rendre agréable et favoriser l’acte d’achat pour les consommateurs de la région du Sahel, Mall Of Sousse, qui sera le plus grand centre commercial en Tunisie (30.000 personnes par jour), est appelé à être la principale destination shopping et loisirs de la région du Sahel. Il sera composé d’un hypermarché, d’une galerie marchande de 120 boutiques de grandes marques internationales et locales, d’un food hall dédié à la restauration et d’un parking de 2500 places couvertes.
Le président Caïd Essebsi pose la première pierre de la construction de Mall of Sousse.
Mall of Sousse présentera une offre de loisirs riche avec notamment un multiplex de 6 salles de cinéma exploité sous l’enseigne internationale Pathé, un espace de détente pour les familles et une aire de jeux pour enfants.
Pour revenir à Carrefour Sousse, il sera le 3e hypermarché en Tunisie après Carrefour la Marsa et Tunis City Géant à l’entrée de l’autoroute Tunise-Bizerte.
Pour mémoire, le plan directeur qui réglemente l’implantation des hypermarchés prévoit la création, de 4 à 5 hypermarchés dont 2 à 3 à Tunis, un à Sousse et un autre à Sfax.
Ce plan, qui date de 2008, a été fortement critiqué après le soulèvement du 14 janvier 2011. Ses détracteurs lui reprochent 3 lacunes.
Les trois lacunes du plan directeur
La première réside dans le fait qu’il ne prévoit pas d’implantation d’hypermarchés dans les régions intérieures.
C’est ce qui a amené, au lendemain de cette révolte, le ministre du Tourisme, du Commerce et de l’Artisanat de l’époque, Mehdi Haouas, à recommander vivement, dans une feuille de route pour l’activité commerciale à son successeur, d’autoriser l’implantation d’hypermarchés en dehors de la capitale, particulièrement, dans les villes localisées à la frontière sud et nord ouest du pays. Il a proposé la création d’hypermarchés et de supermarchés à Sfax, à Kairouan, au Kef, à Jendouba, à Ben Guerdane…
Cette recommandation ne manque pas d’enjeux dans la mesure où des experts en développement multisectoriel sont unanimes pour percevoir dans l’implantation d’hypermarchés en dehors de Tunis, une opportunité propre à stimuler l’activité économique dans les régions frontalières et à y engager une dynamique génératrice d’emplois propre à sédentariser les communautés de ces contrées.
L’objectif déclaré est d’«améliorer le service aux consommateurs mais aussi de stimuler la compétition dans l’approvisionnement des détaillants». L’objectif non-dit est de lutter contre la contrebande et de réduire l’impact pervers d’un commerce informel prospère à la frontière.
La deuxième lacune est d’ordre stratégique. Les économistes de la centrale syndicale (UGTT) et des partis de gauche, et particulièrement du Front populaire, ont constamment reproché au gouvernement d’avoir encouragé, par le biais d’institutions d’exonérations fiscales et financières, la grande distribution française à s’installer en Tunisie alors que ce type d’activité commerciale est réputé pour ne pas générer de l’emploi permanent et ne créer que des emplois précaires.
La troisième lacune est perceptible à travers la tendance de la grande distribution étrangère à importer des produits de consommation superflux et à contribuer à l’aggravation du déficit commercial (10% du PIB actuellement, ce qui est énorme).
Dans un souci de transparence, il serait intéressant que la Banque centrale de Tunisie (BCT) prenne l’initiative de publier régulièrement des bilans devises annuels des hypermarchés français (entrée et sortie de devises).
La grande distribution a moralisé l’activité commerciale
Par-delà ces lacunes, il faut reconnaître que l’avènement de la grande distribution en Tunisie a été accompagné par une grande moralisation de l’activité commerciale.
En témoignent les résultats d’une enquête de l’Institut national de consommation (INC) sur «l’impact de la modernisation du commerce sur le comportement du consommateur tunisien et ses dépenses».
Cette enquête a révélé que plus de 60% des habitants de la capitale et ses périphéries effectuent leurs achats dans les grandes surfaces et hypermarchés. Dans le détail, 35,8% des enquêtés affirment fréquenter une ou plusieurs fois par semaine les grandes et moyennes surfaces contre 23,7% une ou plusieurs fois par mois et 40,5% selon le besoin ou d’une manière occasionnelle.
Autre révélation de cette enquête et non des moindres: 24,7% des enquêtés considèrent que les prix pratiqués sont acceptables, 23% choisissent les grandes surfaces en raison de l’offre diversifiée et du regroupement d’achats et 20,4% estiment que ces espaces commerciaux proposent des produits sains et de qualité.
Cela pour dire, qu’au regard des dérapages constatées depuis la révolte du 14 janvier 2011 et jusqu’à ce jour (non respect généralisé des normes d’hygiène et de production), la grande distribution, mieux encadrée, ne peut qu’être encouragée et généralisée à tout le pays.
Par les chiffres, la grande distribution en Tunisie assure 15% de l’activité commerciale. Elle est assurée, actuellement, par 4 groupes basés pour la plupart à Tunis : Mabrouk (Monoprix et Géant), Chaïbi (Carrefour et Carrefour Market), le tandem Poulina-Bayahi (Magasin général) et le promoteur de Mall of Sousse, encore en chantier, Taoufik Haouet.
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