Une cinéaste française, vivant à Paris, accuse un célèbre cinéaste tunisien, de l’avoir violée… il y a 12 ans.
Kapitalis a recueilli le témoignage cette dame de 41 ans, qui dit avoir rencontré celui qu’elle accuse aujourd’hui, en 2005, lorsqu’elle avait 29 ans, lors d’un festival de cinéma au Maroc. Il lui a alors proposé un projet de film, en Tunisie, qu’elle a accepté, avant de se rendre, en cette même année, à Tunis.
Elle a été embauchée dans la société de production cinématographique et de publicité du cinéaste en question, qui se trouvait, à l’époque, aux Berges du Lac de Tunis, et son employeur lui a proposé de lui prêter un studio à Sidi Bou Saïd, le temps qu’elle puisse amasser un peu d’argent pour louer une maison.
«Un soir, il débarque dans le studio et je ne le reconnais pas. Il a abusé de moi et ce cauchemar a duré de fin octobre 2005 à janvier 2006, pendant toute la préparation du projet», raconte-t-elle, en précisant que le cinéaste avait beaucoup de pouvoir sur elle : «financier d’abord, car sans salaire je n’avais même de quoi rentrer en France. Il me faisait miroiter la production de mon film et avait une grande influence psychologique sur moi», explique la cinéaste, en accusant son collègue tunisien d’être un grand manipulateur.
«Il sait, par un savant mélange d’affect et de transformation de la vérité, à vous faire avaler n’importe quoi. Même si ses assauts sexuels étaient à chaque fois une torture pour moi, je n’étais pas assez forte physiquement et mentalement pour lui tenir tête, je me disais qu’il fallait que ça passe pour qu’il me foute la paix», poursuit-elle.
Dans ce témoignage, les mots sont crus, et notre interlocutrice, qui à l’époque était totalement incapable de mettre le mot viol sur ce qu’elle vivait, sentait, comme elle dit, «comme la pute française, un bout de viande, une salope», et se sentait coupable tout en ayant perdu la notion de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas. « Je ne comprenais pas pourquoi quand je lui disais non, il me répondait « vous dites toutes ça, non ça veut dire oui »», a-t-elle ajouté, en se demandant s’il faisait la même chose avec d’autres femmes.
Douze ans après les faits relatés ci-dessus, la cinéaste est persuadée qu’elle a été abusée et veut extérioriser ce mal qu’elle a du porter durant des années, par peur des représailles, d’autant que celui qu’elle accuse jouit d’une notoriété en Tunisie.
«J’aimerais que d’autres filles, dont il a abusées puissent parler, se délivrer», conclut-elle.
Yüsra Nemlaghi
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