Orange Tunisie a installé, jeudi 9 novembre 2017, la Maison digitale pour les femmes d’Oued Laabid à Takelsa.
Reportage de Zohra Abid
Ce programme des Maisons digitales, lancé en collaboration avec la Fondation Orange et la la Fondation Agir contre l’Exclusion (Face), est supervisé par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, qui a signé, le 16 mai dernier, avec les parties prenantes un accord pour le choix des régions et des partenaires associatifs.
De Bizerte au Cap-Bon
Avant d’aller à Takelsa au Cap-Bon, on a procédé à l’inauguration de la Maison digitale au centre de Bizerte, en présence de Brigitte Audy, secrétaire générale de la Fondation Orange, et sa collaboratrice Mary Lisa Durban, de Thierry Millet, directeur général d’Orange Tunisie, de sa collaboratrice Asma Ennaïfar, directrice des Relations extérieures, RSE et mécénat, ainsi que de Zahra Ben Nasr, présidente de Face.
Oued Laabid, un village dans un écrin de forêts et de vergers.
Ici, c’est un petit espace soigneusement aménagé où les femmes peuvent se rendre pour se familiariser avec les outils numériques, apprendre, se divertir et travailler. Lors de la cérémonie, on a eu un coup de cœur : des articles d’artisanat (couffins et autres accessoires confectionnés à base de paille naturelle), qui se vendent comme des petits pains.
Deuxième destination de la journée, à 120 km au sud : Takelsa, gouvernorat de Nabeul. Pour y arriver, il a fallu emprunter plusieurs km de sentiers, au coeur d’une nature foisonnante, entre forets et oueds.
Le couper du ruban.
Nous sommes à Oued Laabid. Les habitations, assez rudimentaires, sont éparpillées, ça et là. Non loin du bureau du «ômda», représentant de l’Etat dans la zone : des jeunes, sur un camion, vendent du poisson, d’autres vendent de l’eau dans des bidons en plastique. Devant la Maison digitale, une foule : officieux et officiels, dont Saloua Khiari, gouverneure de Nabeul. L’inauguration a eu lieu avec le couper du ruban, les applaudissements et les discours habituels. C’est la première Maison digitale ouverte dans la région du Cap Bon, et la 4e dans le pays après celles ouvertes en mai dernier à Euch Zitoun, Nefza (Béja) et à Ben Bechir (Jendouba) et de Bizerte, ouverte la matinée.
Des femmes qui se prennent en charge.
Des femmes qui savent tout faire
Dans l’une des pièces de la Maison digitale se réuniront désormais 40 femmes âgées de 20 à 60 ans. Quatre parmi elles exposent leurs huiles essentielles dans de petites bouteilles et leurs petits savons à base d’huile d’olive dans des corbeilles. Elles sont membres du «Groupe Rihet lebled» (Parfum du pays). Elles cueillent des fleurs, des fruits, des feuilles, des brindilles de thym, de charme, de tilleul, d’érable, de sorbier, de saule, de bigaradier, de romarin et de myrte, qu’elles utilisent pour leurs vertus aromatiques, odoriférantes et médicinales, nous explique l’une des filles dans un bon français.
«L’accès au digital va nous aider à promouvoir nos produits, recherchés dans le marché local et international», explique Souad Sahli, la vingtaine épanouie, ajoutant que les femmes ont appris la distillation et l’extraction à froid et savent tout sur les richesses naturelles qu’offrent les forêts environnantes. «Nous exposons de temps à autre nos produits dans les foires dédiées à l’agriculture ou organisées par le domaine forestier de l’Etat. La faculté de pharmacie de Monastir vient souvent chercher nos huiles essentielles», ajoute-t-elle.
Brigitte Audy et Asma Ennaifer.
Les laissés-pour-compte
A l’extérieur de la Maison digitale, près d’un bâtiment d’architecture coloniale, délabré, une grappe de jeunes garçons se tournent les doigts. «On aurait aimé qu’on s’occupe de nous aussi», a lancé un diplômé au chômage qui attend désespérément un poste d’enseignant d’anglais.
«Oued Laabid compte 400 familles, soit 1500 habitants. Ils vivent généralement de l’élevage. Sinon, ils travaillent comme saisonniers lorsque l’Office des terres domaniales (OTD) fait appel à eux pour les cueillettes et les récoltes des arbres fruitiers. Ils ne possèdent pas des terres. Les 100 maisons de ce village sont construites sur un domaine de l’Etat. Oued Laabid est doté d’une école primaire à Bir Maroua et les lycéens doivent faire la navette pour étudier à Takelsa. La seule fontaine d’eau installée par le Fonds de solidarité nationale (26/26), sous le règne de Ben Ali, a été saccagée au lendemain de la révolution. Nous attendons tous le passage du camion apportant l’eau potable pour nous ravitailler», nous a indiqué Fathi Mhamdi, le «ômda» de ce patelin.
Des produits tirés des ressources naturelles de la région.
«Nous avons une cartographie dans l’ensemble du pays. D’ici 2018, on aura installé une vingtaine de Maisons digitales dans les zones rurales ou urbaines. Nous donnons les moyens pour que les femmes aient une formation et puissent développer leurs projets. Les programmes que nous mettons s’adaptent à leurs besoins et nous, avec Orange Tunisie, collaborons étroitement avec les associations», a indiqué, de son côté, Brigitte Audy, dans une déclaration à Kapitalis, après avoir posé avec les filles pour un sefie souvenir.
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