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Enquête de l’AHK : Entreprises tunisiennes et marché africain

Aujourd’hui, ce sont surtout les grandes entreprises tunisiennes qui sont actives en Afrique. Il faut que les PMEs puissent aussi les suivre sur cette voie.

Par Khémaies Krimi

La Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK Tunisie) vient de publier les résultats d’une enquête menée sur les activités des entreprises sur le marché africain, et ce, en partenariat avec la Chambre économique africaine (ACN) et le Tunisia-Africa Business Council (TABC).

Cette enquête, financée par la coopération allemande, a pour objectif de mieux connaître les besoins des PMEs tunisiennes qui désirent exporter sur l’Afrique et améliorer leur accès à de nouveaux marchés d’exportation du continent.

Bientôt, la Tunisie membre de la Cedeao et du Comesa

Dans cette optique, la Tunisie, qui destine, aujourd’hui, 74% de ses exportations à l’Europe contre 2% seulement à l’Afrique, est en pourparlers très avancés pour adhérer, au plus tard d’ici la fin novembre 2017, à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 20e puissance économique du monde avec un PIB, en 2013, estimé à 817,04 milliards de dollars.

Les derniers éléments de pré-adhésion ont été discutés, le 2 novembre courant, à Abuja (Nigéria), lors de négociations entre Omar Béhi, ministre du Commerce, et Marcel de Souza, président de la Commission de la Cedeao, qui fera le déplacement à Tunis pour cosigner l’accord.

La Tunisie est également en négociation très avancée pour adhérer en 2018 au Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa, de l’anglais Common Market of East and Southern Africa). Les négociations de pré-adhésion ont eu lieu récemment à Tunis entre le secrétaire général de cet ensemble économique, Sindiso Ngwenya, et le chef du gouvernement Youssef Chahed. Ce dernier a, d’ailleurs, effectué une visite au Soudan, en mars 2017, et une tournée de quatre jours au Niger, Burkina Faso et Mali, le mois suivant, au cours desquelles il a annoncé le lancement d’une nouvelle diplomatie africaine.

En adhérant au traité du Comesa, la Tunisie rejoindra simultanément les institutions financières, techniques, semi-indépendantes et indépendantes de ce marché commun, qui compte aujourd’hui 9 institutions (dont une banque, un institut monétaire ou encore une agence régionale d’investissement), deux agences spécialisées et un organe judiciaire (cour de justice), basés dans différents Etats membres.

En visite à Tunis, en mars dernier, Sindiso Ngwenya a déclaré que «les échanges dans le cadre de ce marché, qui regroupe 19 pays africains, ont dépassé 4.500 milliards de dollars, un montant qui devrait s’élever à 6.000, voire 7.000 milliards dans les années à venir».

Le TABC multiplie les missions d’affaires dans les pays africains; ici à Djibouti.

Résultats de l’enquête de l’AHK

L’ultime objectif de la Tunisie à travers ces adhésions consiste à diversifier ses débouchés à l’export, accroître ses échanges commerciaux et tisser des relations de partenariat économique pérennes avec les pays de l’Afrique.

C’est pourquoi, en prévision de ces adhésions incessantes, les conclusions de l’enquête de l’AHK tombent à point nommé pour éclairer les décideurs tunisiens. En voici les plus importantes.

Le manque de réseau commercial sur place ainsi que le manque d’information sur les marchés cibles sont des facteurs qui ralentissent l’activité sur les marchés africains.

Au nombre des insuffisances, l’enquête révèle, également, et en bonne place, les problèmes de financement et de logistique (encadrement consulaire, banques, transport aérien…).

L’enquête constate que les partenaires sont essentiels dans le développement des affaires en Afrique et insiste sur l’impératif de disposer d’antennes et de partenaires sur ce marché.

Deux autres révélations de cette enquête méritent qu’on s’y attarde. La première a trait à l’optimisme des 109 entreprises enquêtées. «Toutes les entreprises ayant des activités liées à l’Afrique, note l’enquête, s’expriment de manière très optimiste. Plus que 90% d’entre elles s’attendent à une croissance de leur chiffre d’affaires en 2017».

La seconde porte sur la taille des entreprises qui font des affaires en Afrique. «L’enquête a fait ressortir qu’actuellement, ce sont plutôt les grandes sociétés qui sont actives en Afrique». Elle recommande d’ouvrir les voies pour les PMEs, afin que celles-ci puissent accéder aussi au marché africain.

Au-delà des adhésions programmées à la Cedeao et au Comesa, il faut reconnaître que la percée des entreprises tunisiennes en Afrique demeure timide par rapport à leurs homologues marocaines et turques, dont les pays respectifs ont eu le mérite d’agir sur l’amélioration de leur image macro-économique, sur la logistique et sur l’accompagnement financier et consulaire, vecteurs sur lesquels la Tunisie commence à peine à travailler.

 

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