Face à un gouvernement facilement cassable et sans marge de manœuvre, les casseurs de tous bords risquent de détruire la Tunisie.
Par Tarak Arfaoui *
Il ne faut pas être un grand politicien pour affirmer que la vague de protestations qui a récemment explosé dans les différentes régions du pays était parfaitement prévisible. A l’affût de tous les mauvais coups quand l’occasion est propice, les oisifs, les précaires sans dignité, et les casseurs de tous bords sont évidemment toujours présents à l’appel. Les profiteurs aussi ne laissent habituellement pas passer cette aubaine.
Les casseurs aux premières loges de la scène politique
Ainsi la racaille extrémiste et islamiteuse pour les desseins que tout un chacun connaît ne se fait pas prier pour profiter de l’aubaine si bien que des revendications a priori légitimes se transforment radicalement en razzias nocturnes par des bandes organisées couteaux et matraques à la main pour piller et saccager les biens publics et privés.
Ce qui est sidérant dans cette affaire est que les casseurs ne sont pas uniquement ceux qui sont dans la rue et font du grabuge. Les casseurs sont en fait partout ailleurs dans le tissu social du pays et occupent même les premières loges de la scène politique à commencer par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) où l’incompétence et l’inconsistance ont transformé nos honorables députés en des armes de destruction massive.
Par leur magouilles ridicules, leur nomadisme politique et leurs clowneries, ils sont arrivés à casser la confiance de leurs électeurs et plus personne ne leur donne véritablement du crédit.
Les casseurs sont aussi les partis politiques dont les errements idéologiques au rythme de leurs intérêts étroits n’ont d’égale que leur hypocrisie passant d’alliances contre-nature à divers mariages douteux et éphémères.
Les casseurs sont aussi certains partis de la «gauche prolétaire» qui ne cessent de remuer le couteau dans la plaie de la précarité sociale en encourageant en sous-main par des éternels slogans creux les protestataires à manifester par tous les moyens sous couvert de légitimité constitutionnelle.
Les casseurs sont aussi les grévistes éternellement manipulés par des syndicalistes véreux passés maîtres dans la destruction des entreprises.
Quant aux casseurs rétrogrades, ils veulent anéantir la Tunisie moderne et progressiste en la transformant en Tunistan où règnent l’embrigadement religieux, l’obscurantisme et la bigoterie.
Corrompus, contrebandiers et évadés fiscaux
Enfin, les casseurs, probablement les plus virulents et invisibles, sont tous ceux qui ne payent pas leurs impôts et ceux qui ont mis à genou l’économie du pays par la contrebande à grande échelle et le véritable fléau national qu’est le commerce parallèle.
Devant ces casseurs en série qui risquent d’émietter le pays, il est clair que le gouvernement est sur la corde raide et n’a pas de grande marge de manœuvre de par son essence même. Il est facilement cassable car c’est une créature fragile difforme et visqueuse, un avorton de la politique du fameux «tawafeq» (consensus) national qui a conduit le pays là où il est et dont le chef, parachuté par la grâce d’un éléphant de la politique, est un tendre néophyte.
Un gouvernement sans majorité politique qui le soutient sans étiquette claire, miné par des querelles partisanes, composé de ministres sans envergure et sans expérience, peut-il relever le défi du redressement économique et de la paix sociale dont le ressort est casse ?
* Médecin de libre pratique.
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