Le festival Cinéma de la paix, organisé par des cinéphiles libres et engagés, cherche à bousculer les tabous et à penser le monde tel qu’il est, dans sa brutale réalité.
Par Fawz Ben Ali
Le comité directeur et artistique du festival Cinéma de la paix a tenu une conférence de presse, le jeudi 8 mars 2018, à la salle le Rio, au centre-ville de Tunis, afin de dévoiler le programme et les nouveautés de la 18e édition, qui se tiendra du 13 au 18 mars.
Slim Ben Youssef (président du Ciné-club de Tunis), Medrar Sallem (directrice artistique du festival) et Habiba Rahali (chargée de communication) ont rappelé que le festival Cinéma de la paix est organisé chaque année par des bénévoles sous l’égide de la Fédération tunisienne des ciné-clubs (FTCC) «amoureusement et passionnément», précise-t-on.
Penser librement le 7e art
Cinéma de la Paix est un festival non compétitif de cinéma alternatif et indépendant autours de films récents ou moins récents pour permettre un débat et un échange d’idées et pour penser librement le 7e art.
Medrar Sallem, Slim Ben Youssef et Habiba Rahali.
La conférence a débuté avec la projection d’une rencontre filmée avec le musicien et chanteur Yasser Jeradi, grand cinéphile qui a accompagné le festival dès sa création en 2000. L’artiste a évoqué les difficultés qu’avaient connues les anciens membres de la FTCC à maintenir cette manifestation, qui a même été victime de censure à l’ère de Ben Ali. «Je n’aurais jamais pensé que le festival arriverait à sa 18e édition», dit-il.
En effet, Cinéma de la paix existe depuis déjà 18 ans, il est l’un des plus anciens festivals cinématographiques du pays après les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) et le Festival international des films amateurs de Kélibia (Fifak), «notre festival atteint cette année la majorité, ce qui signifie plus de maturité et d’audace dans nos choix artistiques», annonce Medrar Sallem.
D’ailleurs le programme de cette année reflète bien cette liberté et cet engagement à bousculer les tabous, et à penser le monde tel qu’il est, notamment à travers la programmation de ‘‘Salo où les 120 journées de Sodome’’ du cinéaste iconoclaste Pier Paulo Pasolini, qui a longtemps été interdit dans plusieurs espaces en Italie depuis sa sortie en 1975.
Réaliste et engagé
Le festival est placé cette année sous le thème «Cru, brutal et poignant», un choix qui rompt avec les images artificielles et les discours fictifs auxquels nous sommes surexposés.
Le programme (11 films de 10 pays) se veut ainsi réaliste, engagé et proche de l’actualité de la Tunisie et du monde. Interrogés sur le point d’interrogation présent sur l’affiche, les organisateurs ont expliqué que le festival incite à réfléchir et à poser des questions, plutôt qu’à donner des réponses ou des leçons, tel est d’ailleurs le rôle du cinéma et de tout art.
Le festival Cinéma de la paix a toujours été très lié à la musique en soutenant les jeunes musiciens tunisiens comme Amel Mathlouthi, Yasser Jeradi, Halim Youssfi… Cette année encore, la clôture se fera en musique avec un ciné-concert signé le jeune soud-designer Oussema Gaïdi sur des images du film ‘‘The tribe’’ de Miroslav Slaboshpitsky.
Le public pourra aussi découvrir tout au long du festival une exposition à la salle le Rio de la jeune illustratrice et dessinatrice Shiraz Hamadi qui a contribué à la conception de l’affiche et des supports visuels du catalogue de cette édition.
Parallèlement aux projections, le festival organise également un atelier d’analyse filmique avec Flaviano Pisanelli (universitaire et spécialiste du cinéma Pasolini) et des rencontres-débats avec des cinéastes comme Jilani Saadi et Azza Chaabouni.
Slim Ben Youssef et Habiba Rahali.
Le programme :
• Mardi 13 mars :
– 15h : ‘‘Salo où les 120 journées de Sodome’’ de Paulo Pasolini
– 19h : ‘‘Taste of cement’’ de Ziad Kalthoum
• Mercredi 14 mars :
– 10h : Atelier d’analyse filmique de ‘‘Salo où les 120 journées de Sodome’’ de Paulo Pasolini, assurée par Flaviano Pisanelli
– 15h : ‘‘Leviathan’’ de Verena Paravel et Lucien Castaing Taylor
– 17h : ‘‘La cinquième saison’’ de Jessica woodworth et Peter Brosens
• Jeudi 15 mars :
– 15h : ‘‘Ouroboros’’ de Basma Alsharif
– 19h : ‘‘Des moutons et des hommes’’ de Karim Sayad
• Vendredi 16 mars :
– 15h : Rencontre avec Azza Chaabouni autour des ‘‘Rough Rushes’’
– 19h : ‘‘Kékszakàllù’’ de Gaston Solnicki
• Samedi 17 mars :
– 10h : Carte blanche à Jilani Saadi (une mise à nu du cru dans ‘‘La tendresse du loup’’)
– 15h : ‘‘Loveless’’ d’Andreï Zviaguitsev
– 19h : ‘‘Ugly’’ de Juri Rechinsky
• Dimanche 18 mars (clôture) :
Ciné-concert par Oussema Gaïdi à partir du film ‘‘The tribe’’ de Miroslav Slabosh.
Toutes les projections et les différentes rencontres auront lieu au ciné-théâtre Le Rio (92, rue Radhia Haddad, 1001, Tunis).
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