La seconde soirée du festival Jazz à Carthage a été meublée par le groupe autrichien Marina & The Kats, qui renouvelle le swing des années 1930, et l’inclassable Emilie Loizeau, qui vole entre l’électro, le jazz, le rock et la pop.
Par Fawz Ben Ali
Après une ouverture aux rythmes de l’Afrique avec le duo malien Amadou et Mariam, la 13e édition de Jazz à Carthage à enchaîné avec sa deuxième soirée, le samedi 7 avril 2018, placée sous le signe de la découverte avec le trio autrichien Marina & The Kats et l’artiste française Emily Loizeau.
Du bon swing venant d’Autriche
Vers 20h30, la scène du Barcelo a commencé à vibrer sous les rythmes jazzy de la percussion et des guitares de Marina & The Kats, une première partie soutenue par l’ambassade d’Autriche en Tunisie.
Avec seulement deux albums à leur actif ‘‘Small’’ (2015) et ‘‘Swing’’ (2016), le groupe est encore au début de sa carrière qui s’annonce prometteuse.
Le public tunisien qui découvrait le trio pour la première fois a été de suite conquis par l’énergie communicative du groupe, car ce fut une véritable invitation à la danse tout en nostalgie puisque les rythmes nous rappellent fortement les années 30 et l’univers du guitariste de jazz français Django Reinhardt, avec en plus une touche de folie et de modernité.
Ce soir-là, les festivaliers ont pu savourer les compositions personnelles du trio comme ‘‘Snow white’’, ‘‘Easy does it’’, ‘‘Moon on the hill’’, ‘‘Wild’’… mais aussi une belle reprise jazzy de ‘‘Sweet child o mine’’ du groupe de rock légendaire Guns N’ Roses.
Si l’on est habitué à voir des groupes de swing avec plusieurs musiciens, que l’on appelle les «big-bands», Marina & The Kats nous ont embarqués avec seulement une chanteuse percussionniste et deux guitaristes, portant fièrement l’étendard du swing des années folles, du jazz manouche avec un soupçon de musique tzigane.
Le groupe a conclu avec leur titre le plus connu ‘‘Dirty’’ sous un tonnerre d’applaudissement du public tunisien.
L’univers atypique d’Emily Loizeau
Après le swing autrichien, la soirée a continué avec l’univers atypique d’Emily Loizeau, l’une des figures phares de la scène française underground dont cette première rencontre avec le public tunisien a été soutenue par l’Institut français de Tunisie (IFT).
Active depuis 2001 et plus connu depuis 2006, Emily Loizeau est une auteur-compositeur, musicienne et interprète hors normes qui a préféré privilégier l’expérimentation musicale au détriment de la popularité. Elle a ouvert le bal tout en douceur et pieds nus, et s’est mise au piano pour interpréter d’abord des titres en anglais de ses derniers albums.
Au fil de la soirée, on a pu découvrir une artiste généreuse sur scène, habitée par sa musique et en osmose avec ses musiciens et son public, jouant du piano, du clavier, mêlant chant et même rap, dansant jusqu’à l’état de transe.
Certes, on ne pouvait que succomber au charme de cette artiste à la voix claire et aux textes extrêmement poétiques en anglais et en français comme ‘‘Mona’’, ‘‘Invisible’’, ‘‘Who’s on the phone’’, ‘‘Eaux sombres’’, ‘‘Le fond de l’eau’’…
Puisant son inspiration dans diverses influences allant de Georges Brassens, Bob Dylan, passant par The Beatles ou encore Tom Waits…, Emily Loizeau nous propose une musique sans frontières entre l’électro, le jazz, le rock et la pop… et le moment fort de la soirée fut incontestablement une reprise surprenante et magistrale de ‘‘Cleaning out my closet’’ du rappeur américain Eminen.
Avec le charisme de Mylène Farmer, la nonchalance d’Alain Bashung et la fraîcheur d’Olivia Ruiz, Emily Loizeau a trouvé l’équation artistique parfaite pour conquérir un public restreint mais exigeant.
La soirée a pris fin en apothéose avec le grand succès de l’artiste ‘‘L’autre bout du monde’’, extrait de son album éponyme sorti en 2006.
Jazz à Carthage : Jalen N’Gonda et Amadou et Mariam ouvrent le bal
13e édition de Jazz à Carthage : Fêtons le printemps en musique
Donnez votre avis