Nabil Maaloul ne devrait pas s’enliser dans le magma des polémiques entre scientifiques qui font valoir (parfois) des égos, plus que la vérité médicale. Sans Msakni, ou Ben Amor, voire sans les deux, l’équipe de Tunisie ne va pas s’écrouler…
Par Hassen Mzoughi
Participera, participera pas à la Coupe du monde de football en Russie? Les avis divergent sur le cas de l’international tunisien Youssef Msakni, victime des ligaments croisés, la blessure la plus haie des sportifs.
Dr Fayçal Meddeb, médecin tunisien du club qatari Al Duhail, a indiqué, dimanche 8 avril 2018, que «la blessure de Youssef Msakni est tout simplement une rupture des ligaments croisés».
Le diagnostic et l’IRM effectués à Aspetar, le centre médical de Doha, où pratiquent plusieurs spécialistes étrangers conventionnés, «ont conclu à une rupture des ligaments croisés du genou droit», a-t-il affirmé. «Maintenant, le diagnostic est certain, le repos devant aller de 6 à 7 mois. C’est une grosse perte aussi bien pour Al Duhail que pour l’équipe de Tunisie. Msakni sera opéré à une date que nous allons fixer», a encore indiqué Dr Fayçal Meddeb.
La santé du joueur avant tout
Le pilier de l’équipe de Tunisie et son buteur ne pourra donc pas, selon le médecin tunisien, disputer la Coupe du monde en Russie qui commencera en juin prochain.
Ce dernier, on le comprend, tient et c’est logique, à ne rien brusquer, à ne rien risquer, en ne précipitant pas le traitement de la blessure de l’international tunisien. Il en va de sa santé avant toute autre considération d’intérêt technique immédiat. C’est d’abord une question de déontologie et tous les médecins sont d’accord sur ce point.
Le médecin de l’équipe de Tunisie, Dr Souheil Chemli, a un avis opposé à son confrère d’Al Duhail, club dont les dirigeants ont reproché à demi-mots, au staff technique tunisien, d’avoir convoqué inutilement Msakni au dernier stage pour la préparation des deux matches amicaux avec l’Iran et le Costa Rica.
Pour Dr Chemli, Msakni pourra être récupéré pour le Mondial 2018. «La rupture pourrait être partielle. Dans ce cas, nous pourrions faire une petite intervention et beaucoup de renforcement qui lui permettraient de récupérer rapidement», a expliqué le praticien, qui tient visiblement à réaliser un «exploit médical». Il cherche, sans nécessité d’opérer, à remettre le joueur sur pied en moins de 30 jours, le staff technique et médical de l’équipe de Tunisie tenant à le faire en un «temps record» dans le seul souci de l’emmener à la Coupe du monde en Russie.
Maaloul : le le groupe avant toute autre considération.
Le «miracle» ne suffira pas !
Tous les médias du monde ont annoncé le forfait du milieu du terrain tunisien, étant donné que les diagnostics ont tablé sur une période de repos minimale de 3 mois. Sauf que le staff médical de l’équipe de Tunisie persiste à entretenir le faux espoir d’un possible traitement miracle.
Msakni ne pourra pas aller à la Coupe du monde, même s’il était, par miracle, rétabli, car il ne sera pas prêt physiquement et surtout psychiquement, pour disputer des matchs avec une haute intensité.
En effet, malgré le progrès des techniques médicales, les joueurs soignés des ligaments croisés (ou autres lésions graves comme les tendons de la cheville et les fractures) ne réussissent pas à atteindre leur niveau sportif d’avant l’accident. La peur (normale) d’avoir un nouvel accident est responsable de la baisse de performance par la suite car elle pousse les sportifs à moins forcer lors de l’entraînement. Et lorsque le retour à la compétition s’effectue, un athlète sur cinq subira une rechute, soit sur le genou traité, soit sur l’autre genou.
Nabil Maaloul doit se décider !
Le coach des Aigles de Carthage devrait être réactif afin d’anticiper les problèmes. Msakni forfait, il faut préparer des alternatives, et non pas perdre beaucoup de temps à attendre une hypothétique guérison du joueur, aussi utile soit-il. Et s’il n’était encore pas prêt, que ferait Nabil Maaloul ?
Le problème, c’est que le «dossier» Msakni a éclipsé celui de Mohamed Amine Ben Amor, pourtant lui aussi sérieusement blessé et ayant besoin de guérir comme son coéquipier.
Le sélectionneur de l’équipe de Tunisie devrait se prononcer et rapidement sur les deux cas, afin de lever toute équivoque. Car on n’aimerait pas du tout revivre «la comédie Dos Santos». Roger Lemerre avait emmené, malgré sa blessure, l’ex-attaquant de l’Etoile sportive du Sahel (ESS) à la Coupe du monde en 2006 en Allemagne. Résultat : le joueur a fait une brève apparition à 10 minutes de la fin du 3e match contre l’Ukraine avant de demander à sortir.
Des sélectionneurs un peu trop «têtus» et appuyés par des médecins, ont fait payer à leur équipe le prix de leur aventurisme. Les exemples sont nombreux de par le passé mais prenons Zineddine Zidane en 2002. Emmené mal remis d’une blessure par le même Roger Lemerre à la Coupe du monde, il a peu joué, et la France, tenant du titre et vainqueur de l’Euro 2000, a été éliminée dès le premier tour.
Croire en son groupe
Nabil Maaloul ne devrait pas s’enliser dans le magma des polémiques entre scientifiques qui font valoir (parfois) des égos, plus que la vérité médicale.
Sans Msakni, ou Ben Amor, voire sans les deux, l’équipe de Tunisie ne va pas s’écrouler… Avec ces deux joueurs elle ne serait pas si pimpante. D’ailleurs, elle a parfaitement débuté sa préparation en mars contre l’Iran et le Costa Rica (deux victoires 1-0), sans eux.
Autrement dit, le sélectionneur de l’équipe de Tunisie ne devrait pas laisser planer l’incertitude, se laisser empêtrer dans des débats d’école (ou d’intérêts personnels), le contraire en fait du travail méthodique, de la transparence.
Il ne faudrait pas avoir peur de dire que Msakni ou n’importe quel autre joueur de l’équipe de Tunisie (ils sont de la même importance) n’est pas en mesure de remplir sa mission et qu’il devra rester à la maison. Pour son intérêt et celui de la sélection.
Le coach tunisien doit intervenir rapidement, pour montrer qu’il croit en son groupe malgré l’absence de Msakni ou Ben Amor ou un autre joueur. Il ne faut pas laisser le doute s’installer. Il faut mettre rapidement les choses au clair, quitte à prendre une décision douloureuse!
À partir de là tout sera évident et la décision facile à prendre. Sinon, bonjour les difficultés !
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