En examinant les listes des candidats pour les municipales de dimanche prochain, 6 mai 2018, truffées de faux indépendants inféodés aux deux grands partis qui les financent en sous-main (Ennahdha et Nidaa), je reste groggy et incapable de me situer, sauf à me reconnaître dans la médiocrité ambiante.
Par Mohamed Rebai *
Alors que la campagne électorale pour les municipales bat son plein, force est de remarquer que tous les candidats, bousculés par le temps et mal préparés, pratiquent une langue de bois lyrique et partisane, truffée de projets chimériques qui vont transformer la Tunisie en une sorte de Suisse de l’Afrique ! Et pourtant, les menteurs seront pendus par la langue au dessus des braises, nous disent les religieux.
En attendant le scrutin, dont personne n’attend grand-chose, sauf des candidats eux-mêmes, je me sens dans l’obligation d’exprimer mon point de vue pour me la boucler par la suite. Aussi ce qui va suivre ne reflète-t-il qu’un avis strictement personnel.
Les prédateurs opèrent en meutes
Les futurs édiles opèrent en groupe, et jamais en solo, pour se donner de l’entrain, exactement comme des prédateurs. Ils n’ont jamais indiqué comment ils comptent réaliser les généreuses promesses qu’ils font? Comment répartir les réalisations dans le temps? Comment les financer? Quel est le budget sera consacré à l’ensemble des missions communales? Est-ce qu’ils auront les moyens pour boucler l’année en budgets de fonctionnement et de développement? Quels sont les projets urgents à concrétiser au plus vite ? Qui sont les responsables qui vont mener ces projets dans les délais impartis? Quel «chemin critique» faut-il suivre pour arriver à bon port? Celui qui ne sait pas prévoir, calculer, coordonner et contrôler ne sait rien faire. À force de vouloir péter plus haut que son cul, on risque de se fissurer le derrière. On n’a que faire des promesses quantifiables et exigibles.
En examinant les listes de candidats truffées de faux indépendants inféodés aux deux grands partis qui les financent en sous-main (Ennahdha et Nidaa), je reste groggy et incapable de me situer, sauf à me reconnaître dans la médiocrité tout azimut et à tomber la nasse. La plupart, pour ne pas généraliser, étaient des moins-que-rien, il y a à peine sept ans. Ils seraient capables de te féliciter un soir pour avoir plébiscité une liste pour t’oublier le lendemain.
Encore une fois, on n’a pas choisi les candidats suivant le mérite mais, comme d’habitude, en cercle fermé, suivant le degré d’allégeance à la gamelle de telle ou telle personne.
Entre argent sale et couffins de charité
Dans cette nappe de brouillard, aucun îlot de clarté n’émerge. L’argent sale et les couffins de charité continuent à faire tourner la roue électorale. On donne au menu fretin à manger une nuit et on les laisse dans la dèche toutes les nuits, les semaines, les mois et les années suivantes. Les petites gens, pauvres et misérables, ne cherchent plus la liberté d’expression. Au pays de la prédation, la démocratie ne nourrit pas son homme. Qui se dit, à juste titre : tout sauf des promesses qui vont rester au stade d’annonces sans lendemain dans un pays déboussolé et engoncé de fiel. La frime n’est pas donnée à n’importe quel plouc.
Bande de snobinards et d’eunuques. Je ne vais pas voter pour des gargouilles. Je me suis trompé deux fois dans mon vote et il n’est pas question que je me retrouve pour la troisième fois dans un parti religieux maquillé de fausses blondes dévergondées.
L’agence de communication américaine Burson-Marsteller recrutée et payée rubis sur l’ongle, qui plus est, en devises fortes (par qui ?) pour mieux présenter le parti islamiste aux Tunisiens et aux étrangers n’est pas totalement étrangère à ce remue-ménage.
Je vous souhaite bonne fête du non-vote pour dimanche prochain. Car la délivrance ne passera pas par les urnes.
* Economiste universitaire.
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