La Société des transports de Tunis (Transtu) projette de créer, sous la tutelle du ministère du Transport, sa propre police dénommée chastement «structure publique chargée de la sécurisation des moyens du transport».
Ce projet suscite de sérieuses interrogations sur cette tendance observée chez divers acteurs et secteurs à créer leurs propres polices alors que l’Etat – et à travers lui le contribuable – consacre une des plus importantes enveloppes budgétaires pour financer une police officielle pléthorique.
La Transtu a recouru à cette décision suite aux récents actes de vandalisme dont ont fait l’objet les rames du métro de Tunis et le train de la ligne TGM desservant la banlieue nord de la capitale, dont elle a la charge.
Ces actes, qui ont eu lieu à Kheireddine Pacha (La Manouba), Bab Saadoun, Borj Baccouche (Ariana) et Sidi Dhrif (Sidi Bou Said), ont été perpétrés, dans des zones géographiquement distantes l’une de l’autre, en l’absence de toute présence policière, dans un pays menacé par le terrorisme.
Aussi ce projet de créer une police du transport appelle-t-elle deux remarques.
D’abord, cette décision n’est pas la première du genre. Les urgentistes des hôpitaux, les agriculteurs enclavés, les contrôleurs du fisc, les agents municipaux et agents de contrôle économique ont connu, eux aussi, des agressions de tous genres en l’absence de sécurité policière et ont revendiqué la constitution de leurs propres corps de police.
Certains corps ont obtenu gain de cause avec la création de la police environnementale, de la police fiscale et d’un corps de sécurité dans les hôpitaux, et la promulgation d’une loi incriminant sévèrement le pillage de bétail…
Seulement, on ne peut s’interdire de penser qu’à ce rythme, il va arriver un jour où le ministère de l’Intérieur n’aura plus de raison d’être.
La deuxième remarque a trait au timing de ces agressions ciblant les rames du métro et les trains des banlieues de Tunis. Elles ont été commises au cours du mois de ramadan et rappellent, bizarrement, ce qui s’est passé à la veille de l’attentat de Sousse (26 juin 2015) qui a fait 39 morts et 39 blessés. La veille de cet attentat, rappelons-le, la police était préoccupée à harceler les non-jeuneurs, comme semble vouloir le faire, ces jours-ci, l’actuel ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem.
Ce dernier dont le rôle de policier consiste en principe à obéir et à servir, a, sans disposer d’aucune statistique officielle, prétendu que sa mission consiste défendre «la majorité des jeûneurs contre la minorité des non- jeûneurs». Une police religieuse, en somme !
N’importe quoi !, dirait mon fils…
Khémaies Krimi
Trains et métros vandalisés à Tunis : Coup de gueule de la Transtu
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