Il n’est ni parti à l’étranger ni rentré dans la clandestinité totale. Le dénommé Najem Gharsalli serait à Kasserine, sa ville et sa région natales, et protégé par les siens. Le régionalisme et le clanisme sont malheureusement pour beaucoup dans le fait que Gharsalli ne soit pas encore arrêté.
Par Imed Bahri
Le dénommé Najem Gharsalli, ancien ministre de l’Intérieur dont le passage catastrophique à la tête de ce département a coûté à la Tunisie et à sa stabilité trois attentats terroristes au cours de la même année 2015 (Bardo, Sousse et ce lui du bus de la Garde présidentielle à Tunis) ce qui a affecté le poumon économique du pays et frappé de plein fouet le tourisme, et qui est en cavale depuis cinq mois, serait à Kasserine.
C’est ce que nous avons appris d’après nos sources et des témoins oculaires l’auraient même aperçu sortir certains après-midi.
Une solidarité régionaliste, tribale et clanique
La question qui se pose et qui s’impose et que chaque lecteur est en droit de se poser d’ailleurs, alors s’il est à Kasserine, qu’attendent les autorités pour l’arrêter?
Et bien la question de son arrestation, en dépit du fait que les autorités sauraient où il se trouve, est une question très délicate.
Le dénommé Najem Gharsalli s’est réfugié dans sa région, dans sa ville, dans son bastion où il bénéficie d’une certaine sympathie et où surtout il bénéficie d’une solidarité régionaliste, tribale et clanique infaillible. Tenter de l’arrêter ou toucher à un seul cheveu du dénommé Najem Gharsalli toute la région pourrait s’embraser, détourner son arrestation et en faire la pauvre victime persécutée de toute une région. Tout le discours de victimisation utilisant à tous les coups le mot «hogra» (mépris) sera relayé sans interruption.
Le régionalisme, le clanisme et le tribalisme ravagent notre pays et paralysent l’Etat de droit. La dénonciation du régionalisme reste hélas un tabou car les régionalistes, dès que vous les dénoncez, retournent vicieusement l’argument contre vous. Si vous dénoncez leur régionalisme, ils vous accusent malhonnêtement d’être contre leur région.
La guerre des clans lui profite
Hélas le régionalisme profite à des hors-la-loi comme le dénommé Najem Gharsalli. Le régionalisme le protège et le couvre. D’ailleurs, à la base, pourquoi a-t-il été nommé ministre de l’Intérieur? Quel est son background sécuritaire? Est-il un commis de l’Etat qui connait l’Etat profond et l’administration? Aucunement. Son prédécesseur Lotfi Ben Jeddou était de Kasserine, une région sensible où la paix sociale est précaire et fragile, et donc pour le remplacer dans le gouvernement Habib Essid I, en 2015, et pour que les Kasserinois ne voient pas le remplacement de M. Ben Jeddou comme une exclusion de leur région, il fallait, aux yeux du président de la République, Béji Caïd Essebsi, et de M. Essid lui trouver un successeur kasserinois. Ils ont donc sorti de leur chapeau le dénommé Najem Gharsalli, magistrat à l’époque gouverneur de Mahdia.
Alors que la guerre des clans fait rage, entre le clan de la famille Caïd Essebsi et celui du chef du gouvernement Youssef Chahed, alors que le pays vit un équilibre social précaire et alors que plus d’un rêvent d’enterrer l’Affaire Jarraya dans laquelle est recherché le dénommé Najem Gharsalli et pour éviter un embrasement de la région de Kasserine, les autorités ne l’auraient pas arrêté. C’est la seule explication plausible en l’absence de communication officielle sur l’incapacité des autorités sécuritaires à arrêter le dénommé Najem Gharsalli…
Tunisie : Les intouchables de la république, qui les couvre?
Lotfi Brahem : Najem Gharsalli fait l’objet d’une interdiction de voyage
Ben Fredj s’étonne de l’incapacité de l’Etat tunisien d’arrêter Gharsalli
Donnez votre avis