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‘‘Freedom House’’ de Chedly Arfaoui : En rire pour ne pas en pleurer

Ph. Ahmed Makhlouf.

Chekra Rammeh, Mouna Talmoudi, Abdelkader Ben Said et Mohamed Hassine Grayaa ont séduit le public présent hier soir, mercredi 1er août 2018, à la 54e édition du Festival international de Hammamet, avec la dernière création théâtrale de Chedly Arfaoui ‘‘Freedom House’’.

Cette pièce, qui avait fait sensation au cours de l’année précédente, a pour cadre la Tunisie postrévolutionnaire.

Entre rires, émotions, tristesses, peurs et angoisses, des personnages attachants et charismatiques défilent sur scène : des citoyens, des soldats, des prostitués, tous pris dans l’écheveau de contradictions porteuses de violences et d’insécurité. Mais tout finit dans le rire franc, le metteur ayant fait le choix d’en rire plutôt que d’en pleurer.

L’intrigue tourne autour d’un général et de trois de ses hommes formant ce qui est appelé «Freedom House», dont la mission est de maintenir l’ordre après un coup d’Etat. La scène est plongée dans l’obscurité et dans une nuée de fumée, génératrices de peur-panique et de sentiment de désordre. Les spectateurs sont replongés dans l’atmosphère lourde de révolution tunisienne de 2011. Entre l’euphorie de la libération et la peur étouffante du lendemain, les personnages passent de la joie, à la peur et à la frustration… mais c’est l’humour qui finit toujours par prendre le dessus.

Ph. Ahmed Makhlouf.

Les scènes sont inspirées de vécus réels : elles évoquent des terroristes s’entraînant dans la montagne, des biens publics et privés saccagés, des citoyens transformés en gardiens de leurs quartiers, etc., la révolution est en marche dans l’incertitude de l’instant. Le temps est suspendu et on retient son souffle en attendant le coup d’après.

La pièce dénonce, en filigrane, les fausses promesses des politiciens, l’instabilité générale et les utopies inaccessibles. Reste que la morosité générale alimente les sarcasmes et incitent les spectateurs à une prise de conscience de la fragilité d’une transition qui s’éternise, la frontière entre la dictature et la démocratie est si ténue qu’elle est insaisissable.

I. B. (avec communiqué).

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