Dans une longue interview au quotidien arabophone ‘‘Al Maghreb’’, hier, jeudi 2 août 2018, le député Nidaa Tounes Moncef Sellami a fait un état des lieux de la situation politique actuelle de la Tunisie. Sans longue de bois et fidèle à sa réputation de cogneur, M. Sellami n’est pas allé de main morte.
Par Imed Bahri
Moncef Sellami s’est illustré ces derniers temps en refusant le népotisme qui ronge Nidaa Tounes mais il ne s’est pas suffi de la parlote comme beaucoup de ses camarades députés de ce parti, politiciens ou autres décideurs ou leaders d’opinion. Non, M. Sellami a agi par des actes concrets pour combattre ce népotisme qui épuise le parti Nidaa Tounes et, par ricochet, toute la vie politique du pays et le travail du gouvernement qui est en permanence la cible des manœuvres et des tentatives de le faire tomber par Hafedh Caïd Essebsi et ses acolytes.
La défaite de Hafedh doit mener à son retrait
La dernière de ces manœuvres était le lobbying de Hafedh afin que le nouveau ministre de l’Intérieur Hichem Fourati n’obtienne pas le vote de confiance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
M. Sellami avait publiquement défié Hafedh et dénoncé ses caprices, il avait dit qu’il allait voter pour Hichem Fourati et avait exigé de Hafedh de justifier ses revenus et de clarifier sa situation fiscale.
M. Sellami a pesé de tout son poids pour que son parti ne s’aligne pas sur la volonté de Hafedh contre le vote de confiance pour M. Fourati.
À la fin, la ténacité de M. Sellami et de certains de ses collègues a payé. Hafedh, sentant que la question de vote de confiance pour M. Fourati était une question tranchée et qu’il allait subir ainsi que son père une belle déculottée, finira par céder et appellera le groupe parlementaire de Nidaa à voter la confiance à M. Fourati.
D’ailleurs, au moment où Sofien Toubel, président du groupe parlementaire Nidaa, annonçait le revirement de situation du parti et qu’ils allaient voter la confiance à M. Fourati, tous les députes du groupe étaient présents, dont M. Sellami, qui était debout derrière Hafedh Caïd Essebsi et arborait un sourire narquois comme pour narguer ce dernier et comme s’il lui disait : «On t’a eu petit, maintenant va clarifier ta situation fiscale».
Dans l’interview au ‘‘Maghreb’’, M. Sellami a déclaré, concernant l’épisode Fourati: «On voulait que cette séance soit consacrée à la discussion de l’octroi du vote au ministre de l’Intérieur mais la séance a dévié et elle devenue une séance consacrée au gouvernement et à son chef, ce qui a fait que le vote ne se limitait plus à l’octroi de la confiance à M. Fourati mais à l’ensemble du gouvernement.»
De ce fait, M. Sellami a estimé que le gouvernement a obtenu une nouvelle confiance et que là, il doit s’atteler à travailler sur l’avenir et son chef doit revenir au plus vite à l’Assemblée muni des projets des grandes réformes qui seront douloureuses et impopulaires. Des réformes nécessaires et vitales pour le pays.
Mettre fin une bonne fois pour toutes aux divisions de Nidaa
M. Sellami a tout au long de son interview mis l’accent sur la nécessité de mettre fin une bonne fois pour toutes aux divisions, aux querelles et à la crise de Nidaa Tounes et se concentrer sur les enjeux vitaux du pays surtout la situation précaire que nous connaissons aujourd’hui.
Il estimé que le départ de Hafedh Caïd Essebsi de son poste de directeur exécutif est indispensable pour que le parti sorte de sa crise. Une crise qui comme chacun le sait dure depuis 2015, s’éternise et que Hafedh refuse de partir pour le bien du parti et du pays mais Hafedh écoutera-t-il M. Sellami et quittera-t-il son poste à Nidaa? Justifiera-t-il ses revenus? Clarifiera-t-il sa situation fiscale?
Tout observateur voit que cet homme fait preuve d’insolence et ne respecte aucune volonté ni volonté partisane, émanant de Nidaa Tounes, ni volonté populaire qui le rejette et rejette ce népotisme qui empoisonne la vie politique du pays et paralyse la situation socio-économique. Il semble que Hafedh ne comprend que le rapport de force comme cela a été prouvé lors du revirement de situation concernant le vote de confiance à M. Fourati.
M. Sellami et ses collègues doivent s’atteler à mettre en place un rapport de force aussi défavorable que possible à Hafedh qui l’affaiblit et l’exclue du parti afin qu’il se trouve acculé à se retirer.
M. Sellami a évoqué une autre priorité celle de travailler et de se concentrer à créer les conditions favorables pour que la famille démocratique puisse gagner les élections présidentielle et surtout législatives de 2019 et ce qui ne peut se faire que si Hafedh se retire.
M. Sellami a rappelé et ce, dès le début de son interview que comme il l’a déclaré en 2014, il est là pour seulement un seul et un unique mandat et qu’il ne briguera pas un second. Pour lui, cette parenthèse politique et le fait qu’il s’est jeté dans cet arène n’était motivé par aucune volonté d’occuper tel ou tel poste, c’était juste par patriotisme et parce qu’il croyait à un projet salvateur pour le pays.
D’ailleurs les personnes averties savent que M. Sellami s’est engagé politiquement suite à la demande de Béji Caid Essebsi, qui lui avait besoin de M. Sellami à Sfax où il a un réel poids politique et social (ancien président du Club sportif sfaxien et figure locale importante) pour contrebalancer Ennahdha, forte et bien enracinée dans la deuxième ville du pays. M. Sellami avait répondu présent et a été l’un des artisans de la victoire de Nidaa Tounes en 2014 aux deux élections présidentielle et législatives.
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