La soirée du mardi 14 août 2018 au Festival international de Hammamet était dédiée aux jeunes artistes tunisiens avec deux projets musicaux totalement différents témoignant de la diversité que connaît la nouvelle scène underground en Tunisie.
Par Fawz Ben Ali
Ce fut une soirée en deux parties, d’abord la musique folk très poétique avec le duo Yuma qui arrive à la fin de son projet musical, puis le collectif de musique Stambeli Dendri qui vient de voir le jour.
Yuma, l’apogée du succès et la tournée des adieux
Yuma composé de Sabrine Jenhani au chant et Ramy Zoghlami à la guitare acoustique retrouvent la scène de Hammamet deux ans après y avoir donné la première partie de Hindi Zahra, on avait alors fait en 2016 la découverte d’un charmant duo qui propose de très beaux textes sur une musique folk 100% tunisienne.
En deux ans, le duo a fait une ascension incroyable, sortant vite de l’underground pour devenir l’un des groupes les plus populaires en Tunisie, enchaînant des concerts à guichets fermés dans tout le pays, et même une tournée internationale en France, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, au Portugal, en Suisse…
Le théâtre de Hammamet était complètement plein comme à chacun des passages de Yuma, et l’émotion était intense surtout après que le duo ait annoncé il y a peu de temps la séparation définitive de ses deux membres, ainsi le peu de concerts qu’il leur reste à donner d’ici mars 2019 sont une sorte d’adieu. Un projet qui n’aura finalement duré qu’à peine 3 ans alors que le duo est à l’apogée de son succès, et ce, face à l’amertume et l’incompréhension de leurs nombreux fans en Tunisie et à travers le monde.
Yuma ont interprété ce soir-là leurs plus belles chansons, ouvrant le bal avec ‘‘Esmek’’ et ‘‘Laya snin’’ avant d’être rejoints par Selim Arjoun au clavier, Zied El Bekri à la batterie et Aziz Ben Youssef à la guitare basse pour enchaîner avec ‘‘Taarafni’’, ‘‘Gamra w dhib’’, leur chanson fétiche qui a fait naître le duo ‘‘Asia’’, et finissant en beauté avec leurs deux plus grands succès ‘‘Smek’’ et ‘‘Nghir alik’’ que le public réclamait toujours.
Yuma est le choix de faire une musique sans artifices, avec seulement une voix et une guitare acoustique. Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami qui composent et écrivent eux-mêmes leurs chansons ont d’abord commencé avec des mush-ups, qui consistent à coller deux ou plusieurs chansons pour en faire une seule, le duo s’est fait remarquer avec des collages très stylés de ‘‘Habbaytak’’ de Fairuz et ‘‘Summertime sadness’’ de Lana Del Rey, ou encore ‘‘Ya msafer wahdak’’ de Mohamed Abdelwaheb et ‘‘Stand-up’’ de Hindi Zahra… des univers très différents qu’on ressent dans leurs compositions personnelles remarquables par la pureté des mélodies et la poésie des textes en dialecte tunisien.
Dendri, pour que survive le stambeli
Le public qui était venu surtout pour Yuma est resté pour la deuxième partie de la soirée pour découvrir le nouveau collectif musical Dendri créé par le musicien Mohamed Khachnaoui qui tient la batterie dans le groupe. Dendri est une initiative signée de jeunes artistes tunisiens qui souhaitent remettre au goût du jour la musique stambeli en reprenant ce répertoire particulier avec des sonorités plus modernes avec la guitare électrique et la batterie.
Rite musico-thérapeutique de la communauté afro-tunisienne, le stambeli a failli sombrer dans l’oubli alors qu’il fait partie de notre culture, heureusement, ces quelques dernières années, beaucoup d’initiatives culturelles et artistiques ont été lancées pour préserver ce patrimoine, similaire au gnaoua du Maroc, au diwan d’Algérie et au makeli de Libye.
Le public de Hammamet habitué à toujours faire de nouvelles découvertes musicales dans ce festival qui privilégie la scène underground et la recherche musicale, a été agréablement surpris par le jeune groupe qui a de suite installé une ambiance particulière, sur des rythmes biens de chez nous mais qu’on connait malheureusement pas aussi bien que de beaucoup d’autres musiques étrangères.
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