Fathi Layouni et Rached Ghannouchi.
Après les déclarations de Fathi Layouni, maire du Kram, sur l’interdiction du mariage d’une musulmane avec un non musulman, le parti islamiste Ennahdha tente de sauver la face en publiant aujourd’hui, vendredi 17 août 2018, un communiqué où il réitère son attachement à l’application de la loi.
Le maire islamiste a indiqué, hier, avoir donné l’instruction au chargé de l’état civil de sa mairie de refuser de marier une tunisienne musulmane à un non-musulman, si ce dernier ne présente pas une attestation de Dar Al-Ifta prouvant qu’il s’est converti à l’islam. Sa déclaration a fait couler beaucoup d’encre et suscité la colère de beaucoup de Tunisiens qui lui reprochent de ne pas appliquer la loi, car la circulaire N°216 de novembre 1973 interdisant le mariage d’une musulmane avec un non-musulman a été abrogée le 14 septembre 2017.
Hier soir, le maire du Kram, avocat de son état, censé être attaché au respect de la loi, a tenté de rattraper le coup en affirmant qu’il a, justement, voulu respecter la loi, notamment les articles 5 et 21 du Code du statut personnel (CSP), qui ne peuvent, selon ses dires, être abrogés par la circulaire de septembre 2017. Selon ces deux articles, le mariage devient nulle s’il est en contradiction avec des exigences de la charia, affirme l’avocat.
«Je suis un homme de droit et un homme d’Etat. Je suis donc garant de l’application de la loi et du respect de la constitution qui est ma ligne directrice. Si vous voulez changer la loi, faites vos propositions à l’Assemblée», a-t-il dit dans une vidéo publiée sur son compte Facebook.
Ce matin, c’est Ennahdha qui s’est invité dans la polémique pour essayer de calmer les esprits très remontés contre le zélé maire islamiste. Le parti islamiste s’est en effet fendu d’un communiqué où il déplore les déclarations de Layouni et précisé que la Tunisie est un Etat civil soumis à des lois qu’il faut respecter.
Ennahdha a aussi déploré les déclarations du maire Layouni hostiles à Béji Caïd Essebsi. Me Layouni avait appelé l’Assemblée à recourir à l’article 88 de la constitution pour voter une motion de censure contre le président de la république et mettre fin à son mandat, «parce que le président, par son initiative créant la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe) s’est opposé à la charia (loi islamique)», a-t-il dit … !
Y. N.
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