Deux mois avant de quitter son poste pour partir à la retraite, Pr Hafedh Jemel, chef de service de neurochirurgie de l‘Institut national de neurologie Mongi Ben Hamida à la Rabta, à Tunis, dénonce une situation chaotique dans les hôpitaux publics.
Ce professeur de médecine de renommée se dit débordé et incapable de gérer plus longtemps la situation dans laquelle il se trouve, entre des employés indisciplinés adossés à un syndicat surpuissant, une désorganisation générale du secteur et des manques de toutes sortes. Aussi a-t-il décidé de jeter l’éponge.
Dans un post Facebook, publié hier, jeudi 13 septembre 2018, il revient sur la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Son témoignage douloureux est une sonnette d’alarme, d’autant que Pr Jemel n’est pas le premier praticien à partir, sans regret, de la fonction publique.
«Je termine aujourd’hui mon travail en salle d’opération à midi moins le quart. Il faut que le compte-rendu opératoire soit écrit et la feuille d’anapath’ soit remplie. Je me rends compte qu’il n’y a pas de technicien anesthésiste en salle d’opération. Heureusement, il y a un jeune résident d’anesthésie-réa», a-t-il écrit, avant d’ajouter : «Dans la 2e salle c’est le même scénario : 2 malades porteurs de tumeurs cérébrales, anesthésiés, délaissés par 5 sinon 7 techniciens qui doivent être en salle».
Face à ce constat amer, le chef de service se dit impuissant… «Je ne peux rien contre ces gens payés et bien syndiqués. Je quitte la fonction publique dans deux mois et demi et je ne me plaindrai plus ni à l’administration de l’hôpital ni au ministère. Je n’ai aucune autorité», a-t-il indiqué avec amertume.
Le 16 août dernier, Pr Mounir Frikha, chef de service du CHU Habib Bourguiba à Sfax, avait annoncé sa démission pour des raisons similaires … Les hôpitaux publics sont à l’agonie mais qu’attendent les pouvoirs publics pour réagir ?
Y. N.
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