Dans une interview accordée hier, dimanche 16 septembre 2018, à la chaîne Al Mayadeen, Khaled Chouket s’est plaint que l’on réduise la crise à laquelle est confronté notre pays à un désaccord personnel entre le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi (HCE), et le chef du gouvernement, Youssef Chahed.
M. Chouket invite les téléspectateurs de l’émission ‘‘Dialogue de l’heure’’ d’Al Mayadeen à élever le débat et à reconnaître «les nombreux mérites» du fils du fondateur de Nidaa Tounes et les nombreuses contributions qu’il a apportées à cette formation politique.
«Hafedh Caïd Essebsi est un homme dont le don de soi pour Nidaa Tounes et son militantisme au sein de cette formation politique ne peuvent être contestés. Souvenons-nous qu’il avait pris part à la création du parti, que c’était lui qui avait assumé la charge de former et d’organiser les structures du Nidaa, depuis 2013 au moins, et que, sur la base de ce qu’il a donné au parti et de ce qui a été issu du congrès consensuel de Sousse en 2016, il a été désigné pour occuper la fonction de directeur exécutif du parti», a-t-il dit.
Bien évidemment, M. Chouket omet de mentionner la manière avec laquelle HCE s’est positionné, dès le départ de l’aventure nidaïste, comme l’intouchable fils du «papa» fondateur du parti et comment il a tout fait et réussi à éjecter du parti une à une ses grosses. Il ne dit pas un mot sur le penchant trop prononcé de HCE à s’entourer d’opportunistes et d’arrivistes notoires, comme lui-même, avant d’en arriver à livrer une guerre sans merci contre Youssef Chahed, l’homme qui a osé lui dire non et qui a eu le courage de lui faire porter l’entière responsabilité de la descente aux enfers de Nidaa Tounes, des divisions et des échecs de ce parti, et de la paralysie de l’Etat…
De tout cela, Khaled Chouket n’a pas dit le moindre mot, préférant plutôt la fuite en avant dans une mielleuse langue de bois digne des thuriféraires de l’ancien régime : «Notre Comité politique a décidé d’organiser, fin janvier prochain, le congrès électif de notre parti. Ces assises, dont nous avons déjà entamé les préparatifs, administreront la preuve que tout ce que nous entreprenons au sein de Nidaa Tounes est mis en œuvre démocratiquement. Et c’est là, à cette occasion – en toute transparence et en toute liberté – que les congressistes décideront de l’avenir de Hafedh Caïd Essebsi et de ceux d’entre les Nidaïstes qui acceptent de jouer le jeu de la compétition libre et honnête».
Sur ce point, M. Chouket est ferme: «Nous n’accepterons jamais qu’on vienne de l’extérieur nous dicter ce que nous devons faire au sein de notre parti, ni de ce que nous devons faire de nos dirigeants. Seuls les vrais Nidaïstes sont en droit de décider du sort de ceux qui les dirigeront. Seuls les vrais Nidaïstes ont le droit de choisir leurs dirigeants ou de les congédier – lorsqu’ils sont coupables de crimes ou de faute grave portant atteinte à la bonne marche de notre mouvement et à ses principes fondamentaux…»
Conclusion: pour le plus fidèle des partisans de Hafedh Caïd Essebsi, ce dernier est au-dessus de tout soupçon et la déferlante démissionnaire qui s’est abattue sur Nidaa Tounes, dès le lendemain de l’installation de M. Béji Caïd Essebsi au Palais de Carthage, ne serait que «des incidents de parcours mineurs que notre parti a su surmonter et qu’il les surmontera encore, chaque fois qu’ils se présenteront…»
HCE trouvera toujours des Borhène Bsaïes, Ridha Belhaj, Raouf Khammassi, Khaled Chouket et autres béni-oui-oui pour lui dire la «grande maison» de Nidaa Tounes est toujours pleine à craquer, qu’elle ne désemplit pas… et que tout va très bien.
Marwan Chahla
Donnez votre avis