Les Tunisiens célébreront demain, mardi 16 octobre 2018, le 102e anniversaire de la naissance d’Ahmed Tlili, un nationaliste sincère, un militant dévoué et une grande figure du syndicalisme tunisien, maghrébin, arabe et africain.
Par Mohamed Habib Salamouna *
La commémoration de la naissance du grand leader syndicaliste Ahmed Tlili (né le 16 octobre 1916 à El Ksar, à Gafsa, et mort le 25 juin 1967 en exil à Paris) constitue, chaque année, une occasion privilégiée pour les jeunes tunisiens, surtout, de tirer les enseignements dont est chargée une carrière riche et intense, entièrement mise au service de la patrie.
Homme d’une forte personnalité, d’une grande loyauté, intransigeant sur les principes, sincère et droit, Ahmed Tlili a su concilier ses responsabilités syndicales, au sein de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et son engagement politique en tant que militant d’un parti, le Néo-Destour, qui a conduit la lutte et consacré la victoire de notre pays. Ainsi a-t-il participé d’une manière éclatante, aussi bien par le discours politique stimulateur que par l’action directe, au farouche combat que menait les nationalistes tunisiens contre les forces coloniales.
Ahmed Tlili (avec Taieb Mhiri).
La carrière de ce grand militant s’est d’ailleurs prolongée et confirmée avec le même engagement et la même ténacité tout au long du processus de libération entrepris non seulement sur le plan national mais aussi maghrébin.
Ahmed Tlili a participé au sein du Parti socialiste destourien (PSD, dénomination prise par le Néo-Destour après l’indépendance du pays) aux travaux de la conférence historique de Tanger le 27 avril 1958. Il est incontestablement l’un des premiers défenseurs de la cause maghrébine, de l’idéal de l’union maghrébine, de la solidarité et de la complémentarité entre les peuples d’une région «condamnée à être unie», selon ses termes.
Et c’est ainsi qu’il a fait entendre la voix sage de la Tunisie de Bourguiba, le premier Maghrébin à avoir cru et appelé à «la nécessaire construction du Grand Maghreb», même si les voie des deux hommes se sépareront à partir de 1965, Tlili reprochant à Bourguiba sa dérive autoritaire et son refus d’impulser l’ouverture démocratique que lui-même et beaucoup de Tunisiens appelaient alors de tous leurs vœux.
Ahmed Tlili (ici avec Mohamed Tahar Ben Ammar).
Sa fameuse ‘‘Lettre à Bourguiba’’, envoyée en janvier 1966 de son exil parisien, sera l’un des premiers importants plaidoyer en faveur de la démocratisation et du respect des droits de l’homme en Tunisie, appel qui trouvera écho parmi les activistes politiques et les acteurs de la société civile et trouvera sa concrétisation dans la transition démocratique qui a fait suite à la révolution de janvier 2011.
La Tunisie sera toujours reconnaissante à Ahmed Tlili d’avoir donné le meilleur de lui-même pour la servir et d’avoir aussi montré la voie à suivre à plusieurs générations de dirigeants politiques et syndicalistes.
* Professeur de français.
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