Fathi Layouni, maire de la ville du Kram, élu grâce aux votes des électeurs du parti islamiste Ennahdha, a révélé que plus de 300 maires sur un total de 350 refusent de célébrer le mariage d’une Tunisienne musulmane à un non-musulman.
Cette déclaration a été faite à la chaîne islamiste Zitouna TV, hier soir, mardi 30 octobre 2018.
M. Layouni, qui avait, il y a quelques mois, donné des instructions aux chargés de l’état civil de sa mairie de ne ne pas marier une musulmane à un non-musulman, et ce malgré l’abrogation de la fameuse circulaire n°216 de novembre 1973, qui instaurait l’interdiction du mariage d’une Tunisienne musulmane à un non-musulman, persiste donc dans son refus d’appliquer les lois en vigueur dans le pays.
«Je peux vous assurer que plus de 300 présidents de conseils municipaux m’ont contacté pour m’informer qu’ils refusent de marier une musulmane à un non-musulman. Ils croyaient que j’avais donné des instructions écrites aux employés de ma mairie et disaient qu’ils étaient prêts à faire de même. Des notaires ont d’ailleurs publié il y a quelques temps un communiqué pour indiquer qu’ils refusent eux aussi de marier une musulmane à un non-musulman», a-t-il déclaré, fier d’être un maire hors-la-loi.
Le maire du Kram, qui aurait été crédible s’il avait cité les noms de ces maires refusant, comme lui, d’appliquer la loi dans leurs communes, a, par ailleurs, indiqué que l’article 5 du Code du statut personnel (CSP) stipule clairement que «les deux futurs époux ne doivent pas se trouver dans l’un des cas d’empêchements prévus par la loi», ce qui veut dire, selon lui, la confession religieuse de l’un des deux époux.
C’est là, on l’a compris, une interprétation très libre et très tendancieuse de cet article, car le CSP n’a jamais considéré la religion de l’un des futurs époux comme pouvant constituer un obstacle au mariage.
«Si une musulmane tunisienne veut épouser un homme elle doit impérativement prouver que son futur époux est musulman. Pour ma part, je n’ai fait qu’appliquer la loi», a -t-il indiqué. «Sa loi», aurait-il dû dire.
Rappelons que le ministère des Affaires locales a menacé, en août dernier, de dissoudre le conseil municipal du Kram suite aux instructions de Fathi Layouni à ce sujet. L’article 264 du Code des collectivités locales stipule, en effet, que le maire est tenu d’appliquer les dispositions des lois en vigueur. Le tort du ministère, dans cette affaire, est de ne pas avoir joint l’acte à la parole.
E. B. A.
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