Des Tunisiennes des années 1960 et d’aujourd’hui: les grands-mères et les petites-filles.
Selon le juriste et éditorialiste Chedly Mamoghli, la comparaison entre la Tunisie d’avant et celle d’aujourd’hui est peu pertinente sinon ridicule, en ce qu’elle participe d’un anachronisme, qui déforme l’analyse et l’appréciation de situations très différentes.
«Ceux qui disent qu’avant il y avait aussi la pauvreté en Tunisie mais pour autant la jeunesse ne se suicidait pas, ne se jetait pas dans la Méditerranée et ne se faisait pas exploser sont ridicules», écrit-il dans un post Facebook. «Ihizou w yonfdhou», dit-il. Traduire : «Ils disent n’importe quoi». Et pour cause. Il explique…
«La comparaison entre deux époques complètement différentes ne tient pas. C’est ce qu’on appelle un anachronisme. D’abord avant, les horizons n’étaient pas bouchés pour la jeunesse. Ceux qui faisaient des études trouvaient facilement des débouchées et même ceux qui les arrêtaient assez tôt accédaient facilement au marché de l’emploi (et accédaient à des emplois d’employés et de cadres). Beaucoup de personnes n’ayant pas terminés leurs études secondaires sont devenues des cadres dans la fonction publique (administration et entreprises publiques), dans la banque, dans les assurances, dans des groupes privés, etc. En plus, l’accès à l’étranger – notamment l’Europe – était beaucoup plus facile qu’aujourd’hui. Les restrictions actuelles n’existaient pas.
«Egalement, le terrorisme islamiste n’était pas un cancer métastasé comme aujourd’hui. Il n’existait même pas pendant les décennies 1960 et 1970, ce n’est qu’en 1979 qu’il a commencé à apparaître. À l’aube des années 1980, c’était encore la genèse du terrorisme islamiste.
«Sans oublier que l’école (et je parle de l’école publique), à l’époque, remplissait son double rôle à savoir éduquer et enseigner. Aujourd’hui, c’est la faillite totale du système éducatif et quand un système éducatif failli totalement, la jeunesse ne peut pas être immunisée contre les idéologies dangereuses comme l’islamisme.
«En conclusion, évitons les raccourcis faciles et superficiels et essayons de comprendre le profond malaise social dans lequel est plongée le pays et la situation de cul de sac dans laquelle se trouve la jeunesse au lieu de faire les aveugles et de faire des comparaisons anachroniques et démagogiques.»
Chedly Mamoghli: «La jeunesse se suicide, se jette dans la Méditerranée ou se fait exploser»
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