Après avoir expérimenté l’autoritarisme et la dictature, systèmes injustes avec lesquels ils ont cru avoir définitivement rompu après la révolution de 2011, les Tunisiens n’ont pas accédé à la démocratie, mais à la gabegie et à l’inaptocratie.
Par Imed Bahri
Inaptocratie est un nouveau mot entré dans la langue française. Il est l’antonyme de méritocratie, qui est, rappelons-le, un principe ou un idéal d’organisation sociale qui tend à promouvoir les individus en fonction de leur mérite (aptitude, travail, efforts, compétences, intelligence, vertu) et non d’une origine sociale (système de classe), de la richesse (reproduction sociale) ou des relations individuelles (système de «copinage»).
Les moins capables pillent les plus méritants
Dans la définition qu’en donne le grand écrivain, Jean d’Ormesson, l’inaptocratie est «un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en diminution continuelle.»
On dirait que cette définition est taillée sur mesure pour la classe politique tunisienne actuelle : incompétente, intéressée, superficielle, arrogante et d’une médiocrité qui frise l’ignorance crasse. Qu’on nous excuse de généraliser, mais les exceptions sont tellement rares, et en tout cas pas très visibles, que cette généralisation n’en est vraiment pas une.
Ali Baba et les 40 voleurs
Ces inaptocrates, qu’ils s’appellent Yamina Zoghlami, Sofien Toubal, Jilani Hammami, Samia Abbou ou autres Tarak Fetiti, pour ne citer que quelques uns (tous les autres se reconnaîtront) sont généralement les premiers à vociférer dans les travées de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à faire les beaux (et les belles) sur les plateaux de télévision, et à demander toujours plus de privilèges indus. Mais ils sont souvent les derniers à payer leurs impôts et à faire œuvre utile au service de leurs concitoyens contribuables, dont ils dilapident les contributions et sollicitent effrontément les suffrages à chaque élection… par les postures calculées, les mensonges et les tromperies.
En conclusion, on ne résiste pas à la tentation de réitérer ce conseil de Jean d’Ormesson : «Aux élections prochaines, votez pour Ali Baba. Au moins vous serez sûrs de n’avoir que 40 voleurs.»
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