« Outia », oeuvre de Jellal Ben Abdallah.
Cette semaine marque le 1er anniversaire de la mort du grand peintre tunisien Jellal Ben Abdallah. Le 9 novembre 2017, l’artiste a tiré sa révérence discrètement comme il a toujours vécu chez lui à Sidi Bou Saïd. Qu’a fait la patrie en signe de reconnaissance à ce monument national des arts qui a magnifié la tunisianité dans ses œuvres une vie durant?
Par Imed Bahri
Hélas, rien n’a été entrepris pour lui rendre hommage ni par sa ville de Sidi Bou Saïd, pourtant il fut une de ses figures de proue, il fut une grande figure discrète – admirez l’oxymore – du village perché de la banlieue nord de la capitale, ni par l’Etat, ni par les institutions culturelles ni par les artistes de la place ni par personne. Quelle ingratitude!
Dans les nations civilisées, les artistes ne meurent jamais. Non seulement, leur mémoire est éternelle mais quand ils meurent, ils sont encore plus vivants que pendant leur vécu. Et bien chez nous, ils sont oubliés dès leur vivant et à leur mort, c’est l’oubli et l’ingratitude qui se conjuguent. Nos responsables sont-ils des incultes? Ou connaissent-ils Ben Abdallah à la base? Il faudrait dire qu’ils sont obnubilés par leur petite personne, par leur toute petite personne. Ils sont obsédés par les guerres des clans pitoyables qui ont rendu notre économie exsangue et notre peuple épuisé. Point de sérieux. Point de rigueur. Point de patriotisme. Et par conséquent, point de reconnaissance aux grands qui ont servi ce pays et lui ont donné une image prestigieuse, qui ont forgé sa réputation de pays pacifique connu pour sa douceur de vivre et qui lui ont donné un éclat qui a dépassé ses frontières.
Point donc de reconnaissance à Jellal Ben Abdallah qui a immortalisé les scènes de la vie tunisoise, l’architecture tunisienne, les fruits de la Tunisie, les plantes et les fleurs de la Tunisie et le jasmin de la Tunisie.
Point de reconnaissance à Jellal Ben Abdallah qui a magnifié la femme tunisienne en mettant en exergue sa beauté, ses bijoux et ses costumes traditionnels comme dans le magnifique tableau qui illustre le présent article.
Point de reconnaissance à ce pilier de l’Ecole de Tunis.
Point de reconnaissance à ce monument des arts et de la culture de Tunisie.
La honte aux responsables politiques locaux et nationaux et aux artistes qui sont responsables de certaines des institutions culturelles du pays qui n’ont pas bougé le petit doigt afin d’entretenir la mémoire de Jellal et de la faire vivre.
Honte à ceux qui disent l’avoir connu mais qui n’ont rien fait pour lui. Honte aux pays qui laissent mourir leurs artistes.
Paix à l’âme de Jellal Ben Allah.
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