Le président du Club africain (CA) Abdessalem Younsi serait tenté de mettre tout le monde devant le fait accompli en faisant passer son ex-président, Slim Riahi, pour le «messie», en mesure de mettre fin au «désordre» et d’instaurer «l’ordre». Thucydide a toujours raison en disant que l’histoire est un perpétuel recommencement !
Par Hassen Mzoughi
Grosse agitation au CA après l’annonce des nombreux ultimatums de la Fifa à propos des litiges opposant le club à plusieurs anciens joueurs.
M. Riahi, ancien président du club de Bab Jedid s’est manifesté pour proposer une solution à cette «crise», appelant à mettre en place un «fonds de soutien» alimenté par les anciens dirigeants et les «mécènes» ainsi que par les principaux sponsors du club.
Un certain moment éclipsé, M. Riahi est réapparu sur la scène sportive, à la faveur de son retour sur la scène politique, en tant que secrétaire général de Nidaa Tounes, pour proposer ses services au CA.
Hier, dimanche 18 novembre 2018, il a annoncé dans un communiqué, qu’il a chargé un avocat pour s’informer auprès du bureau directeur sur les versements urgents exigés du club. M. Riahi réclame un état des sanctions, leurs échéances et l’avancement des traitements. Il veut aussi préparer «une liste précise des dossiers et les sommes exactes réclamées». L’ancien président du CA veut procéder par un «remboursement en coopération avec les responsables et les sponsors du CA», a-t-il ajouté.
Toute cette agitation n’est pas fortuite. M. Younsi, le président récemment élu du CA ne serait pas contre le retour de M. Riahi au sein du club, sachant qu’il était un des proches collaborateurs de l’ex-président du club et qu’il verrait en lui une solution à la crise.
Des dirigeants prêts à coopérer avec Slim Riahi
Manoubi Troudi, secrétaire général du CA, traduit un changement notoire de l’attitude des dirigeants. Hier dénigré et tenu pour le premier responsable de la crise du club, Slim Riahi est tout d’un coup devenu un personnage fréquentable : «Nous avons reçu une copie du message de M. Slim Riahi et avons décidé de rencontrer aujourd’hui, lundi 19 novembre, son représentant légal», a annoncé Manoubi Troudi. «On lui présentera toutes les informations sur la situation financière. Nous avons constaté qu’il y a une volonté de régler certains dossiers. Tant qu’il y a l’intention d’aider le club à sortir de la crise, nous sommes prêts à coopérer avec tout le monde pour le bénéfice du club», a affirmé le secrétaire général du CA, comme pour confirmer le «compromis» en coulisse pour inclure Slim Riahi dans l’opération sauvetage du CA. Et qui sait, le retrouver très bientôt dans le cercle dirigeant du club !
D’ailleurs, il est prêt, dit-il, dans son message aux dirigeants, à payer une partie du montant exigé par la Fifa, ajoutant qu’il est étonné de la passivité de la direction: «La situation est critique! Où sont-ils? Les crises ne sont jamais gérées par les lâches et les comploteurs. Le CA est grand et doit être géré par des grands», a-t-il lancé dans sa missive. Ainsi, pour sortir de la crise, dont il se lave les mains (!!!), Slim Riahi se présente en «sauveur», mais non sans réclamer, en contrepartie, un retour par la grande porte, une sorte de réhabilitation, bref une reprise des «commandes» pour prendre sa «revanche» sur ceux qui, de l’extérieur du club, l’ont poussé à la porte.
Riahi ou le messie attendu
M. Younsi a préparé le terrain à un éventuel retour de M/ Riahi parmi «la famille» clubiste.
D’ailleurs, le paradoxe est monumental. L’étrange mutisme de l’actuel président face à la crise est compris comme un signal en faveur de M. Riahi qui, par ses «messages» de rassembleur, se prend déjà au jeu et propose un plan d’action. Se sentant forcément dans l’incapacité de parer aux difficultés à la fois administratives, financières et techniques, M. Younsi et son équipe ont abouti à la nécessité de tourner la page et d’accepter de tendre la main à un homme qui se «lave les mains» de la crise.
Le comité actuel est tenu de débloquer pas moins de 10 millions de dinars tunisiens (MDT) pour couvrir les impayés dus à plusieurs joueurs et entraîneurs. Et il sait très bien qu’il est dans l’incapacité de les fournir d’ici peu, l’ultimatum de la Fifa donnant pour date butoir la fin du mois de décembre.
Les dirigeants tentent de convaincre les récalcitrants que Slim Riahi est bien la solution idoine à la crise actuelle. Et qu’il ne servirait à rien de tergiverser pour des «précédents». Aujourd’hui le club est dans l’impasse et il a besoin de solutions immédiates. M. Riahi sera, affirme-t-on, capable de participer à la solution de la crise.
Bref, M. Younsi serait-il tenté de mettre tout le monde devant le fait accompli en faisant passer son ex président pour le «messie», en mesure de mettre fin au «désordre» et d’instaurer «l’ordre».
L’histoire étant un perpétuel recommencement, les mêmes erreurs conduisent aux mêmes échecs. Aussi les «Clubistes» doivent-ils bien réfléchir avant de vendre à nouveau leur âme… à Slim Riahi.
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