‘‘Dachra’’, le premier film d’horreur dans l’histoire du cinéma tunisien, signé Abdelhamid Bouchnak, a été projeté en avant-première le soir du mardi 15 janvier 2019 à la salle de l’Opéra, à la Cité de la culture, à Tunis, avant de sortir dans les salles de cinéma à partir d’après-demain mercredi 23 janvier.
Par Fawz Ben Ali
Après avoir été présenté au public tunisien pour la première fois lors d’une séance spéciale aux dernières Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2018) à la salle Le Colisée, ‘‘Dachra’’ a réussi à conquérir une autre grande salle de la capitale. La salle de l’Opéra était pleine à craquer à l’occasion de l’avant-première du film événement tant attendu.
Quand la jeunesse ose
Pour son premier long-métrage de fiction, le jeune cinéaste Abdelhamid Bouchnak n’a pas choisi la facilité, en optant pour le genre de l’horreur jusque-là jamais exploré dans le cinéma tunisien. Un rêve qu’il a défendu jusqu’au bout avec une production 100% indépendante et sans fond. «J’ai pris le risque, mais il faut avoir confiance en soi et savoir par moment sauter dans le vide», confie Abdelhamid Bouchnak en présentant son film accompagné de sa jeune équipe artistique et technique, «Dans le cinéma, le succès est une question d’équipe, on ne peut pas réussir tout seul», ajoute-t-il.
Le succès a en effet était au rendez-vous, ‘‘Dachra’’ a fait le tour du monde, sélectionné dans de grands festivals arabes et internationaux, il a même clôturé la prestigieuse Mostra de Venise et a remporté le Prix du film le plus effrayant au Festival international du film fantastique de Pologne.
‘‘Dachra’’ est l’histoire de trois étudiants en journalisme, Yasmine, Walid et Bilel, qui s’apprêtent à réaliser une enquête exclusive pour leur projet de fin d’études. Après avoir rencontré Mongia, suspectée de sorcellerie et internée dans un hôpital psychiatrique, ils partent à Aïn Drahem pour enquêter sur la légende d’une femme retrouvée mutilée 25 ans plus tôt et dont on ne sait pas grand-chose.
L’idée du scénario est née il y a 8 ans, et a évolué en s’inspirant de classiques du cinéma d’horreur, notamment ‘‘Le projet Blair Witch’’ (1999), mais le jeune cinéaste a surtout créé son propre univers ancré dans la culture tunisienne avec des histoires tirées de certaines croyances en la magie noire, des anecdotes racontées dans les asiles psychiatriques, et même des histoires de cannibalisme.
Une ambiance macabre
Le film nous entraîne dans une aventure sans précédent au cœur de la forêt de Aïn Drahem, un contexte typique dans le cinéma d’épouvante où on ne peut que s’attendre au pire. D’ailleurs, Abdelhamid Bouchnak a mis à disposition toutes les techniques nécessaires pour installer une ambiance macabre qui s’intensifie avec les signes avertisseurs du danger souvent hors-champs propres à ce genre, ainsi que l’enchaînement des plans rapides et les apparitions soudaines, dans des mises en scène à couper le souffle et un jeu d’acteurs exceptionnel avec ce trio (Yasmine Dimassi, Aziz Jebali et Bilel Slatna) issus du théâtre et signant avec ce film leur première apparition sur le grand écran.
En 108 minutes, ‘‘Dachra’’ offre des scènes d’épouvante et des frissons garanties dans un scénario irréprochable où l’univers fantastique sert aussi à dénoncer certaines croyances et rituels, à savoir le sacrifice des enfants, notamment en Afrique.
Malgré sa popularité indéniable notamment auprès du public jeune, le genre horreur est longtemps resté un terrain inexploré dans le cinéma tunisien ; heureusement aujourd’hui, il y a de plus en plus de jeunes cinéastes tunisiens qui n’ont pas peur d’avancer vers de nouveaux horizons.
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