Les agents de voyages agréés, qui souffrent de la concurrence illégale des agents non-agréés, une sorte de marché parallèle du voyage où les arnaques sont légions, désespèrent des autorités et s’organisent avec leurs propres moyens pour défendre leur métier et leur gagne-pain.
Par Hamma Hanachi
À l’approche de la période du petit pèlerinage ( la «ômra»), Jabeur Ben Attouch, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (FTAV), Slim Saâdallah, président de l’Organisation de défense du consommateur (ODC ), en collaboration avec le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) représenté par Sawsen Chahed, membre bureau, ont signé, le 4 février 2019 une convention de sensibilisation du consommateur en matière de tourisme et de voyages et présenté les détails d’une campagne créée à cet effet.
Dans les prochains jours les téléspectateurs vont découvrir un spot didactique qui montre les bonnes pratiques du voyage sans encombre. C’est un segment d’une campagne qui a pour but de lutter contre les fraudes et les dépassements, notamment dans les secteurs du tourisme local et du petit pèlerinage, pratiqué par certains intrus et de certaines sociétés de services non agréées.
Il y a peu de temps, un panonceau a été créé dans le cadre de cette campagne, destiné à être apposé par les agences agrées et affiliées à la Ftav.
M. Ben Attouche arbore un sourire qui exprime sa satisfaction : «Nous sommes comblés d’arriver à la fin d’un parcours long et harassant; en signant cette convention, nous espérons attirer l’attention des consommateurs, les voyageurs, les pèlerins et les autorités compétentes sur les pratiques frauduleuses des intrus à la profession», dit-il.
À armes inégales avec le marché parallèle
Ces étapes ont été entamées et balisées par l’ancien bureau de la Fédération, présidé alors par Mohamed Ali Toumi. Signalons au passage que cette fin de parcours est plutôt le début d’une course d’obstacles autrement plus ardue et sinueuse. Un chiffre, souvent avancé, asséné depuis longtemps, illustre la gravité du problème : la Ftav compte parmi ses adhérents près de 1150 agences de voyages légales toutes catégories, 700 d’entre elles sont affiliées à la fédération, alors qu’il existe – tenez- vous bien –, près de 4500 agences illégales sur le marché. Ces dernières agissent au grand jour et se manifestent particulièrement pendant la période du petit pèlerinage et pendant les vacances d’été.
Slim Saâdallah, Jabeur Ben Attouch et Sawsen Chahed.
De quel droit ces agences se prévalent-elles pour travailler ? Elles disposent d’une licence attribuée par le ministère du Commerce, dite de «société de services», qui coûte à peu près 1000 dinars et n’autorise en aucun cas la vente et le commerce du voyage sous quelque nature qu’il soit. Les pouvoirs concernés sont-ils au courant de ces pratiques? «Evidemment, puisque des dizaines de fois, nous avons attiré leur attention sur ce phénomène, sans résultat, hélas !», répond M. Ben Attouche.
Arnaques et de pratiques frauduleuses
Il faut remarquer que le circuit «parallèle» est bien huilé, les agents de ces sociétés présents sur tout le territoire annoncent des prix moins chers et proposent des services mirobolants qu’ils n’honorent souvent pas. «J’évite de vous citer des centaines d’exemples qui nous été envoyés, mais le cas des supporteurs de l’équipe tunisienne de football en Russie, qui ont été lésés, lâchés sans assistance, est un exemple criant, voire révoltant», signale, le président de l’ODC, qui dispose d’un important réseau (67 représentations) dans le pays.
«Allez voir, ces jours-ci, sur la route de Kairouan et en région, les appels et les approches des rabatteurs pour attirer les clients de la ômra», dit-il. À ce constat, on affirme, qu’à rebours de toutes idées reçues, les mosquées sont aussi des foyers propices où ces «illégaux» agissent en toute quiétude.
Les exemples d’arnaque et de pratiques frauduleuses sont légion, beaucoup ont été évoqués par les intervenants. Où l’on peut affirmer qu’à l’instar des autres secteurs, le monde du voyage est dangereusement infecté par le commerce parallèle.
Une solution ? «Elle se trouve du côté des autorités compétentes, nous leur avons soumis une batterie de propositions pour s’attaquer à ce phénomène», répond M. Attouche, ajoutant que cette initiative en commun va sensibiliser le citoyen et lui éviter toute sortes d’ennuis. En d’autres termes, la balle est dans le camp des autorités et, surtout, des consommateurs. C’est à eux d’éviter de se faire arnaquer.
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