Ruud Krol sur un toit brûlant (Ph. CSS).
Les derniers «échanges», après une série de résultats médiocres, entre responsables et joueurs montrent bien une cassure au Club sportif sfaxien (CSS)… Et Ruud Krol n’est plus en position de force comme en début de saison.
Par Hassen Mzoughi
Le CSS, sous la direction technique du coach néerlandais, n’a pas goûté à la victoire pendant les 6 derniers matches, 3 en championnat de Tunisie et 3 en Coupe de la CAF, tous soldés par une parité. Le dernier en date contre les Burkinabé de Salitas (0-0), a permis à l’Etoile sportive du Sahel (ESS) de se hisser en tête du groupe B de la Coupe de la CAF avec un point d’avance sur le CSS. Alors que la série de trois nuls en championnat a permis a l’Espérance sportive de Tunis (EST) de doubler le CSS au classement et de s’emparer du leadership. Grosse déception après les promesses en début de saison vite estompées, faute de gestion judicieuse des étapes et des hommes.
Les derniers événements montrent un début de crise, d’autant que les propos du président du département football du club, Abdel Nasser Njah, sont sans équivoque. «La situation est mauvaise, le staff technique et les joueurs doivent se réveiller et personne n’est plus important que le club», affirme le responsable, dans un commentaire percutant publié sur le site officiel du club et qui exprime, à n’en pas douter, l’opinion du bureau directeur.
Ruud Krol et le président Moncef Khemakhem: l’heure de la grande explication approche.
Le courant passe mal avec les joueurs
Dans cette «missive», Abdel Nasser Njah charge carrément les joueurs et le staff technique. «Quiconque mal dans sa peau, peut quitter. L’équipe ne peut dépendre de personne. Nous avons besoin de combattants, et il faut le prouver sur le terrain», a martelé le responsable. Continuant sur ce ton direct, il ajoute : «C’est décidé, les trois ou quatre prochains matches seront la dernière chance pour quiconque ne donnera pas le rendement escompté».
Il y a tout de même un paradoxe entre la grande colère des dirigeants et la «tolérance» qu’ils concèdent au premier responsable technique. Ruud Krol, c’est évident, ne trouve pas une solution pour mettre fin à la crise de résultats ni à améliorer la manière de jouer de l’équipe. Est-il encore l’homme de la situation ?
Ce rappel à l’ordre risque d’être inefficace, rien que parce que, désormais, le courant passe mal entre lui et les joueurs. Des dirigeants avaient appelé à se séparer de lui lors de la réunion d’urgence tenue dimanche dernier, 3 mars 2019.
Difficile de se «supporter», quand les résultats n’arrivent pas et que le doute s’installe.
Les joueurs demandent des révisions
Le ton est monté de plusieurs crans depuis dimanche dernier, jour du match contre Salitas. Deux joueurs et non des moindres ont ouvert «le débat». Exprimant sans doute l’avis de leurs coéquipiers, Alaeddine Marzouki et Nassim Hnid ont explicitement mis en question la méthode de travail et les choix du staff technique. «Il faut faire des révisions, revoir les choix, faire le bilan de la préparation», résument-ils, laissant entendre qu’il serait injuste de faire porter le chapeau aux joueurs. Le fautif est donc vite désigné!
À vrai dire, l’atmosphère n’était pas au top depuis des semaines, malgré les «propos apaisants» des responsables. Elle s’est brusquement détériorée à la suite de ce match retour contre Salitas, l’équipe à la portée du groupe mais que le CSS n’a pas réussi à tromper et face à laquelle il avait perdu 4 points sur 6 possibles. Ce match est un révélateur des difficultés actuelles du CSS.
Certes, le CSS reste la seule équipe à n’avoir pas perdu en championnat de Tunisie, mais sa baisse de régime a trop duré. N’en déplaise à ceux qui soutiennent toujours que c’est seulement un «petit passage à vide».
Les joueurs tentent de rassurer les supporteurs (Ph. CSS).
Le CSS joue contre nature
Le CSS est, au contraire, dans un «marasme technique» qui s’appelle inefficacité offensive. Plus, il joue contre nature, insiste trop sur la défense, mais on ne peut pas opter dans presque tous les matches pour la même manière attentiste et un jeu en contre avec des milieux inefficaces dans la remontée rapide et la percussion, à l’image de Mohamed Ali Moncer et Habib Oueslati, deux grosses faiblesses d’un système offensif qui ne fait pas mal.
Et comme la seule flèche de qualité, Firas Chaouat, celui qui donne justement le ton aux contre-attaques, n’est plus en forme et efficace comme pendant la phase aller du championnat, on s’aperçoit que le CSS est désarmé sur ce plan. Même associé à l’Irakien Ayman Hussein, comme face à Salitas, la mayonnaise ne prend pas!
Insister sur les absences de quelques joueurs pour blessures est aussi réducteur que banal pour justifier les derniers résultats. L’Espérance de Tunis et l’Etoile du Sahel ont connu un tas d’ennuis avec de nombreux piliers blessés, comme le CSS, mais ils ont bien géré la situation, notamment l’EST qui mène aujourd’hui en tête du championnat (avec… 6 points d’avance sur le CSS) et est bien parti pour disputer les quarts de finale de la Ligue des champions.
Les dirigeants doutent…
Le CSS, lui, n’a pas bien géré les contraintes de son calendrier, en optant entre autres, pour un turn over non pas pour dégager de nouvelles solutions de rechange, motiver des joueurs en leur offrant une vraie chance, mais pour uniquement faire reposer des joueurs en vue du match suivant jugé plus important. Cette méthode a fini par disperser la concentration des joueurs, y compris des titulaires.
Doublé en Coupe de la CAF par l’ESS et en Ligue 1 par l’EST, le CSS perd patience. Choqués par la nouvelle contre performance devant Salitas, les dirigeants sont désormais moins sûrs que l’équipe puisse aller loin !
Des membres du comité directeur jugent le technicien hollandais incapable de rectifier la situation, mais on attend, comme un sursis pour Krol, les deux prochains rendez vous en Coupe de la CAF face à l’ESS et Enugu Rangers pour se prononcer sur le maintien ou le départ du Hollandais.
La direction du club vient d’autoriser la présence des supporteurs aux entraînements de l’équipe. Décision qui contredit la volonté de l’entraîneur. C’est un premier changement d’attitude à l’égard de Krol qui n’est plus en position confortable et surtout bizarrement muet depuis quelques jours. Une situation qui sent la rupture, comme en 2013.
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