La maire du Bardo, Zeineb Ben Hassine (Ennahdha), a été appelée à démissionner après avoir lancé des propos régionalistes à un habitant de sa commune. Seize membres de son conseil municipal, dont certains issus du même parti, se joignent à ces appels.
Zeineb Ben Hassine, ancienne députée au dernier parlement de Ben Ali, qui a rencontré hier, jeudi 7 mars 2019, les habitants venus manifester contre le projet de création d’un RER au Bardo, s’est montrée agressive envers un habitant qu’elle n’a pas laissé s’exprimer : «Je sais ce que je fais, je ne viens pas derrière les panneaux (dans le sens : je ne suis pas une provinciale, Ndlr)».
Très vite, ses propos ont été dénoncés et une campagne a été menée contre la maire taxée de régionalisme. Des slogans ont même été ajoutés aux photos de profils des internautes tunisiens avec la mention : «Je viens de derrière les panneaux». Les détracteurs de madame la maire l’ont appelée à céder son poste et des partis politiques, à l’instar d’Afek Tounes, l’ont aussi appelée à démissionner.
Ce matin, une réunion au siège de la municipalité à du être annulée à cause des fortes tensions entre la maire et les membres de son conseil. «Vu le niveau du dialogue, je préfère mettre fin à cette rencontre», a-t-elle lancé avant de quitter le bureau.
Le dirigeant Ennahdha, Lotfi Zitoun s’est joint à ses compatriotes et a demandé à Mme Ben Hassine de présenter des excuses officielles, estimant que de tels propos ne représentent pas son parti.
Zeineb Ben Hassine, qui a présenté des excuses sur le net, a cependant précisé, aujourd’hui, sur Shems FM, que, contrairement aux rumeurs, Ennahdha ne lui a pas demandé de démissionner.
«Mon père est originaire de Zaghouan et ma mère de Medenine, je n’ai donc aucun problème avec les régions et je ne peux pas être régionaliste», a-t-elle dit, ajoutant que l’habitant l’a agressée et«personne n’a dénoncé cela».
Elle se dit même harcelée et assure que ses détracteurs s’attaquent à elle, «parce qu’ils n’acceptent pas qu’Ennahdha ait remporté les municipales dans cette commune». Une interprétation ou excuse erronée car des membres de son conseil issus du parti de Rached Ghannouchi sont les premiers à critiquer «sa gestion, son manque d’écoute, son autoritarisme et autres abus» et à dénoncer ses propos régionalistes.
Y. N.
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