Commentant l’intox sur la mort d’une des mamans des bébés décédés à la maternité de l’hôpital Rabta, qu’elle a elle-même diffusée sur son compte Facebook, la députée Hager Ben Cheikh Ahmed, reproche aux journalistes de lui avoir fait confiance.
Par Yüsra Nemlaghi
Lundi dernier, la députée Coalition nationale avait posté un statut déplorant le décès, suite à une hémorragie, d’une maman qui venait de perdre son bébé à la Rabta. Les médias ont repris cette information, certes sans la vérifier eux-mêmes, mais Mme Ben Cheikh Ahmed a semblé sûr de ses sources puisqu’elle a diffusé, peu de temps après, un 2e statut où elle assure que l’information a été vérifiée et que l’enterrement de la pauvre maman est prévu dans la journée, en affirmant tenir l’information d’un proche de la défunte… Ne doit-on pas croire une représentante du peuple de la trempe de Mme Ben Cheikh Ahmed, généralement très sûre d’elle ?
«A ceux qui doute de cette information, je vous rappelle que je suis députée et j’ai travaillé pendant 24 ans dans le journalisme. Je ne me permettrai donc pas de diffuser de fausses informations», avait-elle écrit, pour vaincre la résistance des rares journalistes qui se sont gardé de diffuser l’information avec de la vérifier. Plus sûre que Mme Ben Cheikh Ahmed tu meurs !
Premier post FB de madame la députée.
Malheureusement pour Mme la députée et pour les médias qui l’ont crue sur parole, y compris Kapitalis. La prochaine fois, parions-le, ils ne donneront pas foi à aucune de ses affirmations.
Invitée aujourd’hui à Jawahara FM, celle-ci a d’abord présenté ses excuses aux Tunisiens pour cette désinformation avant de se dérober (très courageusement) à ses responsabilités et de se défausser (comme souvent les hommes politiques) sur les journalistes, en précisant que le post a été diffusé sur sa page personnelle et non pas sur son compte officielle. Ah oui, la différence est très grande! Et on aurait dû ne pas croire Mme Ben Cheikh Ahmed qui jure ses grands dieux qu’elle tient son info d’une source sûre.
Deuxième post, pour bien insister…
Mieux ou pis: la députée, grande diffuseuse d’intox devant l’Eternel, se croit en mesure de donner des leçons de journalisme aux… journalistes. Montant sur ses grands chevaux, un exercice où du reste elle excelle, elle se permet de rejeter la faute sur les journalistes : «C’est grave que les journalistes puisent leurs informations sur les comptes Facebook de personnalités publiques. Je ne savais pas que je suis une agence de presse», a-t-elle lancé, la plus sérieusement du monde, avec une ironie pour le moins déplacée, ayant été prise, toute représentante du peuple qu’elle est, … en flagrant délit de désinformation. Il faut avoir du culot…
Madame la députée, qui a justement exercé le métier de journaliste durant un quart de siècle, a-t-elle cru devoir rappeler, devrait savoir aussi qu’un député élu par le peuple a aussi une responsabilité et que les journalistes qui se respectent doivent donner crédit à leurs déclarations, que ce soit à l’Assemblée ou ailleurs. Mais maintenant, ils sont prévenus. Cette fois ils ont fait confiance à Mme Ben Cheikh Ahmed, la prochaine fois, ils douteront de tout ce ce qu’elle dira.
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