À l’occasion de sa participation au Forum de la Francophonie à Tunis, la femme politique française Christiane Taubira a donné une conférence de presse, le lundi 11 mars 2019 à l’Institut français de Tunisie (IFT) pour évoquer les deux sujets principaux de son séjour en Tunisie : la francophonie et les droits des femmes.
Par Fawz Ben Ali
Christiane Taubira avait inauguré le Forum de la Francophonie samedi dernier à la Cité de la Culture de Tunis avec un discours magistral sur les valeurs humanistes de la francophonie, un événement qui s’inscrit dans le cadre des préparatifs pour le prochain Sommet de la Francophonie qui se tiendra en octobre 2020 à Tunis.
Aller à la rencontre du monde
L’ancienne ministre française de la Justice a expliqué que la francophonie est un instrument qui doit faciliter le dialogue, la connaissance mutuelle et le partage du patrimoine culturel et artistique. Le monolinguisme est ainsi la pire chose qui puisse arriver à la francophonie car elle est avant tout plurielle et ne peut en aucun cas être réduite à un langage académique, diplomatique ou de distorsion.
Mme Taubira a souligné qu’il faut toujours garder en mémoire que toutes les cultures sont égales en dignité, d’où la nécessité de préserver la langue française de l’instrumentalisation au profit du nationalisme, de l’individualisme et du repli sur soi.
Le Sommet de 2020 qui marque le 50e anniversaire de la création de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), offre des opportunités extraordinaires à la Tunisie pour aller davantage à la rencontre du monde. «La Tunisie a toutes ses chances pour faire de ce Sommet un véritable tournant dans l’histoire de la francophonie et d’être l’un des plus grands sommets organisés par l’OIF», souligne l’ancienne ministre française.
L’égalité est préalable
Interrogée sur la question des libertés individuelles et notamment de la liberté sexuelle et de la communauté LGBTQI en Tunisie, Christiane Taubira a indiqué qu’il existe un sérieux problème de cohérence entre la nouvelle constitution de 2014 qui garantit le respect de la vie privée des citoyens d’un côté et l’application de vieilles lois obsolètes d’un autre côté. Elle a ainsi rappelé que la société civile doit saisir l’occasion du Sommet de la Francophonie pour replacer ce combat au cœur du débat, «ce sujet ne doit pas être esquivé au Sommet !».
En tant que grande défenseuse des valeurs d’égalité et notamment de l’égalité homme-femme, Christiane Taubira qui était venue en Tunisie en 2017 à l’occasion de la Journée internationale des femmes, a profité de sa nouvelle visite pour soutenir les Tunisiennes dans leur combat pour l’égalité totale et particulièrement sur la question de l’héritage qui est au cœur du débat actuellement.
L’ancienne ministre a d’ailleurs annoncé qu’elle était allée à la rencontre des militantes de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) pour les soutenir dans ce combat pour l’égalité successorale. Toujours fidèle à elle-même, Christiane Taubira s’est exprimée sans réticence autour de cette question, estimant que «les droits des femmes reflètent le degré de maturité mentale et étique des sociétés, que le principe d’égalité est préalable et qu’on ne négocie pas les inégalités».
Mme Taubira n’a pas manqué d’évoquer le drame des 12 bébés décédés à l’hôpital de la Rabta les 7 et 8 mars, ayant secoué tout le pays. «Je suis extrêmement sensible à ça (…) C’est une situation dramatique qui conduit à s’interroger sur l’état des services publics et les questions sont multiples et légitimes», souligne-t-elle.
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