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Congrès Nidaa Tounes : Espionnage, menaces et trahisons (vidéo)

Le congrès électif de Nidaa Tounes, ouvert le 6 avril 2019 à Monastir et qui se poursuit à Tunis, sous le slogan très prometteur de «Réforme et engagement», a été marqué par une incroyable agitation de ses dirigeants se tirant dans les pattes, dans une indescriptible cacophonie.

Par Yusra Nemlaghi

Cela fait longtemps que le parti fondé par Béji Caïd Essebsi en 2012 est à la dérive. Véritable bateau ivre, on attendait juste qu’il coule, ayant déjà été abandonné par pratiquement tous ses matelots. Les plus tenaces ou les plus opportunistes, espérant y occuper une place de choix, ont cru pouvoir lancer une opération de sauvetage en organisant un premier congrès électif, en vue de doter le parti agonisant de nouvelles structures légitimes par la voie démocratique. Mais, on ne se refait pas ou, comme on dit, chassez le naturel et il revient au galop!

D’abord, plusieurs congressistes interviewés par la chaîne privée Carthage Plus, à l’hôtel de Monastir, où se déroulait la première phase du congrès, ne comprenaient même pas pourquoi ils se trouvaient là, ni pour qui voter, ni pourquoi ils votaient. On les a sans doute amenés par bus entiers des régions intérieures pour passer un séjour à l’hôtel sur les frais de quelques argentiers intéressés et espérant un prochain renvoi d’ascenseur, lorsque ces chers «congressistes» (désolé pour les guillemets, elles s’imposaient!) deviendront (que Dieu nous en préserve!) députés ou ministres.

Un bureau politique à la légitimité contestée

Les dirigeants, quant à eux, toujours en guerre les uns contre les autres pour prendre les rênes d’un parti qui ne sait plus où il en est, ils ont usé de toutes les mauvaises manières (fourberies, mensonges, trahisons et menaces) pour s’assurer une place au nouveau bureau politique.

Pis encore : aussitôt élus ou cooptés (on ne sait plus vraiment), les membres de cette instance se sont mis à s’étriper. Des recours ont même été émis pour essayer de la dissoudre. Puis Samira Belkadhi, improbable présidente du comité d’organisation du congrès, repêchée suite à la démission de l’ex-président de ce comité, Ridha Charfeddine, a juste eu le temps, hier, jeudi 11 avril 2019, d’affirmer aux médias que les recours ont été rejetés et que le bureau politique est maintenu dans sa composition annoncée, avant de… disparaître.

Peu après cette déclaration, les autres membres du comité, dont le vice-président, Issa Hidoussi, organisent une conférence de presse, en l’absence de Mme Belkadhi, pour annoncer à l’opinion publique que les recours ont été acceptés et que le bureau politique n’est plus légitime. Information aussitôt démentie par d’autres dirigeants, à l’instar de Hassen Amri, Abdelaziz Kotti et autres Sofiane Toubal.

La confiance est si grande qu’on… s’enregistre réciproquement!

Ce dernier a même été plus loin : invité sur le plateau d’El-Hiwar Ettounsi, hier soir, il a surpris la présentatrice Meriem Belkadhi, les chroniqueurs et les téléspectateurs en sortant son téléphone portable pour diffuser une communication téléphonique qu’il avait eu, peu avant dans la journée, avec M. Hidoussi, et qu’il avait enregistrée à l’insu de ce dernier. Oui car à Nidaa, honorable maison s’il en est, quand on se parle en interne, la confiance est si grande qu’on… s’enregistre réciproquement!

Dans cette communication téléphonique diffusée en live à la télé, le vice-président du comité d’organisation du congrès assure à son interlocuteur que le bureau politique est élu démocratiquement et que les recours sont rejetés. «On travaille vraiment sous pression. On nous a même menacés et il y a eu des groupes  de gens qui me suivaient pour me frapper. Je ne suis pas la marionnette de Hafedh Caïd Essebsi, ni la marionnette de personne d’ailleurs», avait lancé Issa Hidoussi, en ajoutant  qu’il a dû quitter le bureau sous escorte policière, de crainte de se faire agresser.


«Je me suis disputé avec Hafedh hier, et j’ai appelé Samira (Belkadhi, Ndlr) et elle ne répondait pas. Elle avait en fait pris la poudre d’escampette, en me laissant son sac et son manteau. Mais moi, j’ai la conscience tranquille car le bureau politique est légitime, puisqu’il a été élu démocratiquement», a encore déclaré Issa Hidoussi. Le même M. Hidoussi, qui change totalement de position et de version, en organisant, hier après-midi, une conférence de presse pour annoncer exactement le contraire de ce qu’il disait au téléphone à Sofiane Toubal. A-t-il fini par céder aux menaces du clan Caïd Essebsi ? Ou bien a-t-il simplement dit à Toubal ce que ce dernier voulait entendre, juste pour le neutraliser momentanément et avoir la paix ?

Dans les deux cas, cela ne grandit pas cet ancien Pdg de banque, qui se ridiculise ainsi et perd la face, et ne grandit pas non plus Nidaa Tounes, qui prouve tous les jours son incapacité à se restructurer, à mettre de l’ordre dans ses rangs et à unir ses dirigeants, pour la plupart incompétents, stupides et avides de pouvoir. Résultat des courses : ils ont détruit de leurs propres mains un parti qui les avait pourtant portés au pouvoir en 2015.


En conclusion, nous pouvons écrire sans aucun risque de nous tromper que le congrès de Nidaa est une véritable foire d’empoigne, où ceux qui crient le plus fort et occupent le haut du pavé médiatique ne sont pas forcément ceux qui ont raison. Les grands perdants dans tout cela, ce sont, on l’a compris, tous les Tunisiens et les Tunisiennes qui ont voté pour cette…  faune-là.

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