Pour Naâmen Bouhamed, Middle East Business Consultant, président du cabinet Alwen International, basé à Nice, en France, faire de Sfax un pôle touristique n’est pas une vue de l’esprit. Il propose une synthèse de projets de tourisme d’affaires à forte valeur ajouté pour Sfax et le sud de la Tunisie.
Par Imed Bahri
M. Bouhamed préconise le développement d’un quai à croisière à Sfax qui offrirait des milliers d’emplois dans les secteurs du transport, des guides, de la restauration, de l’artisanat…, la médina de Sfax étant un héritage unique en Méditerranée et la ville un hub pour accéder à El-Jem (1 heure), Sbeïtla (2 heures), où se trouvent d’importants vestiges archéologiques. «Une croisière par semaine attirerait 150.000 touristes par an», estime-t-il.
Autre projet défendu par M. Bouhamed : le développement du ce qu’il appelle le tourisme aérien, avec la délivrance de licences pour des hydravions et montgolfières, qui feraient des traversées entre Sfax, les Îles de Kerkennah et Malte. «Il s’agit de proposer une stratégie innovante de tourisme aérien et une offre à plus forte valeur ajouté», explique-t-il.
Dans ce même contexte, l’aéroport de Sfax est handicapé, car il lui manque un taxiway pour garer les avions et libérer la piste de décollage et d’atterrissage. C’est ce qui bloque le décollage réel de l’offre aérienne sur Sfax. D’où la nécessité de lancer le projet de Sfax Aéroport Taxiway, insiste le consultant.
La création d’un Sfax World Trade Center devrait compléter cette offre. Pour cela, il faut encourager l’investissement, sous le modèle du partenariat public privé (PPP), dans un centre d’exposition aux normes internationales et de favoriser la création d’un Sfax World Trade Center de 50.000 m2. Ce qui aiderait à faire de Sfax un centre commercial pour les produits industriels pour toute la Tunisie, mais aussi la Libye et l’Algérie voisines, et, pourquoi pas, le reste de l’Afrique. «Les salons professionnels sont une source de revenue et d’emploi à très forte valeur ajouté», insiste le consultant.
Depuis 1912, la médina de Sfax, unique en Méditerranée par certains de ses aspects architecturaux, attend son inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. «Comme la ville et la région de Sfax, la vieille médina a été, depuis plus de 50 ans, exclue de toute vision positive du paysage décisionnelle tunisien. Il est temps de lui rendre sa juste place car elle est le symbole vivant de l’héritage historique arabe et méditerranéen de la Tunisie», soutient M. Bouhamed.
Autre axe de développement du tourisme à Sfax : le sport. Le Sfax Marathon International des Oliviers, 1er marathon de l’histoire tunisienne aux normes AIMS-IAAF, est organisé depuis 2012. Un autre a vu le jour, le 1er Triathlon Olympic Distance sur les Îles de Kerkennah. Autour de ce genre de compétitions, on peut construire une activité de tourisme sportif, source de revenue important. Encore faut-il avoir les soutiens publics nécessaires, comme cela est le cas dans les pays européens, car le coût de production d’un événement international est élevé, estime M. Bouhamed.
L’enseignement supérieur privé peut constituer lui aussi un vecteur de développement du tourisme à Sfax, sachant que 4.000 étudiants étrangers (pour un apport annuel de 6.000 DT chacun) pourraient rapporter à la région 240 millions de dinars tunisiens (MDT) de revenu annuellement, hors hébergement et frais de vie. Aussi doit-on inviter les investisseurs internationaux à venir à Sfax et à s’associer avec des investisseurs locaux pour développer une offre d’enseignement supérieur.
«Avec 64% de taux de réussite au baccalauréat, Sfax, qui possède la première université tunisienne au classement de Shanghai, est une valeur sûre en matières d’enseignement et de recherche», conclut M. Bouhamed, en appelant les autorités publiques à déclarer Sfax comme «priorité nationale pour le développement du tourisme économique».
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