Classée première au Maghreb, 4e en Afrique et 79e dans le monde sur 151 pays listés, par le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement de l’année 2018 (Cnuced) sur l’Indice du commerce électronique entre l’entreprise et le consommateur, la Tunisie est, désormais, en mesure de s’imposer dans son environnement africain.
Par Khémaies Krimi
D’après ce rapport rendu public, en janvier 2019, la Tunisie doit sa performance à deux éléments majeurs. Le premier concerne la logistique avec un taux de pénétration d’internet estimé à 66% (environ 8 millions d’abonnés sur 11,5 millions d’habitants) et 1.450 sites marchands. Le second a trait à l’évolution du nombre des transactions commerciales en ligne qui a atteint, en 2017, une valeur de 166 millions de dinars tunisiens (MDT) dont 36 MDT à l’échelle internationale, selon des statistiques du ministère du Commerce.
L’e-commerce en Afrique, un fort potentiel
Pour revenir aux opportunités qu’offre le continent africain pour l’e-commerce tunisien, la Tunisie peut mettre à profit son adhésion aux trois principaux groupements de libre échange africains, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en tant que membre observateur depuis 2017, au Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) en tant que membre adhérent depuis 2018 et à la Zone le libre échange continentale (Zlec) dont elle a ratifié la convention, en 2018.
Elle peut également exploiter à bon escient le retard qu’accuse, en matière d’e-commerce, beaucoup de pays du continent, qui se présente ainsi comme un marché à fort potentiel de croissance. À titre indicatif, en 2017, seuls 21 millions d’Africains ont acheté en ligne, ce qui représente moins de 2% du total mondial.
Autre facteur qui joue en faveur de cette éventuelle percée de l’e-commerce tunisien, les conclusions encourageantes d’une récente étude sur l’e-commerce en Afrique. Intitulée «Comment les marketplaces digitales (sites e-commerce) peuvent propulser l’emploi en Afrique», cette étude, effectuée par le cabinet international de conseil en stratégie, Boston Consulting Group (BCG), révèle que les sites «e-commerce» peuvent créer, d’ici 2025, environ 3 millions de nouveaux emplois dans toute l’Afrique.
Les marketplaces ont un bel avenir en Afrique
Selon cette étude, les marketplaces, plateformes logicielles qui mettent en relation vendeurs et acheteurs, pourraient également accroître les revenus et favoriser la croissance économique internationale des pays africains sans perturber l’activité des entreprises existantes.
«Les marketplaces digitales illustrent parfaitement comment la révolution digitale peut créer des opportunités économiques et améliorer le bien-être social en Afrique», affirme Patrick Dupoux, Senior Partner au sein de BCG.
«Tandis que les marketplaces digitales sont souvent considérées comme des éléments perturbateurs dans les économies avancées, dans les économies naissantes des pays africains, elles peuvent être d’énormes catalyseurs du développement économique», estime, de son côté, Lisa Ivers, co-auteur de l’étude.
Les marketplaces digitales stimulent, par ailleurs, l’emploi et les revenus à travers la création de la demande pour des domaines nouveaux, comme les développeurs ou les marqueteurs digitaux, en plus des débouchés pour les métiers traditionnels d’artisans, commerçants, conducteurs, ou agents de logistique, souligne l’étude.
Les préalables à un e-commerce prospère en Afrique
Parmi les obstacles qui peuvent entraver l’expansion de ces marketplaces, l’étude cite le déficit d’infrastructures, le manque de clarté réglementaire et l’accès restreint à certains marchés. Elle estime que le partenariat public et privé, voire le partenariat entre les sites «e-commerce» et les gouvernements africains, peut libérer le potentiel des marketplaces en ligne afin de stimuler la croissance économique sur le continent africain.
Les marketplaces digitales stimulent aussi la demande pour les produits et services située actuellement dans des endroits hors de la portée des réseaux du commerce conventionnels, et intègrent davantage de nouvelles catégories de personnes dans la population active comme les femmes et les jeunes qui peuvent être à l’heure actuelle exclus des marchés du travail, fait savoir la même source.
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