La finale retour de la Ligue des champions d’Afrique entre l’Espérance sportive de Tunis et le Wydad de Casablanca, vendredi soir, 31 mai 2019, au stade de Radès, restera dans les annales du football africain comme l’illustration même des maux et des errements de ce football.
Par Imed Bahri
L’Espérance menait au score (1-0), sur un but de l’Algérien Youcef Belaili, à la 42e minute, royalement servi à l’entrée des 18 mètres par Ayman Ben Mohamed, lorsque l’arbitre sénégalais Bakary Gassama a annoncé à la fin du match après près d’une heure et demi d’arrêt du jeu, suite au refus des Marocains de poursuivre le jeu.
Soixante minutes de jeu et une heure et demi de palabres
L’espérance a certes remporté la Ligue des champions africaine, pour la 4e fois de son histoire et la 2e en moins de 6 mois, ayant remporté celui de 2018, en novembre dernier, face à Al-Ahly d’Egypte, au même stade de Radès, mais sa victoire a été entachée par une polémique sur un but refusé aux Marocains à la 58e minute, but régulier que l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) n’a pu valider, et pour cause: le système était, hier soir, en panne.
Les Marocains, s’estimant injustement pénalisé, ont arrêté le jeu et insisté pour que le but de Walid El-Karti soit validé. Les interminables discussions entre les responsables des deux équipes et ceux de la Confédération africaine de football (CAF) et à leur tête le président Ahmad Ahmad, se sont éternisées sans qu’un accord n’ait pu être obtenu pour la reprise du match. Et c’est à contre-cœur que l’arbitre s’est résigné à siffler la fin d’un match déjà terminé dans les têtes des joueurs, des 60.000 spectateurs sur les gradins et des millions de téléspectateurs à travers le monde.
Le match le plus long dans les annales du football africain
Le match, qui a commencé vendredi à 22h00, et offert aux supporteurs et aux téléspectateurs de très bons mouvements de jeu, s’est terminé le lendemain, samedi, à 00h30. «C’est le match le plus long dans les annales du football africain: il a commencé en mai et s’est terminé en juin», railleront les internautes sur la toile.
La CAF a confirmé sur Twitter ce score de 1-0, et le trophée a été remis à l’Espérance, décrochant ainsi la quatrième C1 du club (après 1994, 2011 et 2018), qui disputera la Supercoupe d’Afrique 2019 contre le Zamalek SC d’Egypte, le 16, 17 ou 18 août 2019. Les «Sang et Or» avaient perdu la précédente Supercoupe, il y a quelques semaines, contre l’autre club phare marocain, le Raja Casablanca. Ils pourront donc se racheter, et couronner une saison exceptionnelle, celle de la célébration du centenaire de la création de leur club.
Le public espérantiste, qui n’aurait jamais imaginé une fin de match aussi confuse, tumultueuse et, surtout, fatigante (les supporteurs étaient au stade plusieurs heures avant le match, qui plus est, ont rompu le jeûne de ramadan sur les gradins), a pu, bon gré mal gré, fêter une victoire douce-amère. Mais peu avant 4h, nouveau rebondissement: la CAF annonçait dans un communiqué que son président avait décidé, «suite aux événements» et «l’arrêt du match» de convoquer «un comité exécutif d’urgence le 4 juin pour débattre des issues réglementaires à réserver à cette rencontre».
Bref, l’image du football africain, déjà peu reluisante, est sortie de cette nouvelle épreuve encore plus ternie. Qui plus est à deux semaines du démarrage de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2019) en Egypte.
Formation de l’EST : Rami Jeridi, Samah Derbali, Ayman Ben Mohamed, Mohamed Ali Yaâkoubi, Khalil Chammam (c), Fousseny Coulibaly, Franck Kom, Saad Bguir, Anice Badri, Youcef Belaïli (Hamdou Elhouni 61′) et Taha Yassine Khenissi.
Donnez votre avis