La vidéo attribuée à l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daech), diffusée sur les réseaux sociaux, mercredi 17 juillet 2019, et présentée par « France TV Info » comme filmée à Kairouan, en Tunisie, n’a pas encore été authentifiée par les autorités tunisiennes. L’alarmisme de nos collègues français est pour le moins déplacé.
Par Yüsra Nemlaghi
« France TV Info » n’a pas trop cherché à vérifier l’information sur laquelle elle a fondé un article faisant feu de tout bois, en affirmant que les touristes sont en danger en Tunisie, qui plus est en plein haute saison estivale. Les amateurs de la théorie du complot trouveront là du grain à moudre.
Au mieux, il s’agit d’une maladresse, au pire c’est carrément de la manipulation de l’opinion, car le journaliste de « France TV Info » alerte sur de nouveaux attentats en Tunisie, qui plus est viseraient des touristes.
Or, dans la vidéo partagée dans cet article, et initialement diffusée par Wassim Nasr, journaliste France 24, les hommes cagoulés et portant des armes de type kalachnikov, en train de faire allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi, n’ont pas parlé (du moins dans la vidéo diffusée) d’attaque contre les touristes, mais contre les « kouffar », c’est-à-dire les « infidèles », terme qui désigne dans leur logorrhée les musulmans ne suivant pas leur idéologie, mais surtout leurs principaux ennemis, les militaires et les policiers. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui ont été la cible des dernières attaques terroristes en Tunisie, le 27 juin dernier, au centre-ville de Tunis. Et pas des touristes…
Interrogé à ce propos par Kapitalis, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Hayouni, en poste depuis lundi dernier, a réitéré son appel aux journalistes à se conformer aux voies officielles avant de diffuser les informations non vérifiées, au risque de semer inutilement la panique parmi les citoyens.
Les unités spéciales relevant du ministère de l’Intérieur sont plus à même de vérifier l’authenticité de la vidéo et d’agir en conséquence, a-t-il expliqué.
En diffusant une vidéo émanant d’une organisation terroriste avant même son authentification et en la faisant dire ce qu’elle ne dit pas, nos collègues français ont commis une double faute professionnelle: ils ont bidonné (et c’est le cas de le dire) et participé (à l’insu de leur plein gré) à la diffusion de la propagande des jihadistes, dont ils se font les porte-voix ?
Y. N.
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