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De Quito au Cotopaxi 5 895 mètres : Escalades de montagnes en feu au cœur de l’Equateur

Grand voyageur ou globe-trotter, comme son père Rached Trimèche, l’auteur, ingénieur de son état, raconte dans ce texte l’ascension en solo de quelques pics Pasochao 4200m, Pichincha 4700m, Corazon 4800m, Iliniza Norte 5130m et Cotopaxi 5895m, en sachant que la ligne de l’équateur donne en fait 1000m de plus par rapport à l’Himalaya.

Par Anis Trimèche

Dans la vie tout le bonheur du monde n’est-il dans l’inattendu ? Le hasard me fit ainsi grimper sur trois montagnes dans trois continents.

En 2017, sur le toit de l’Afrique à 5000m sur le Kilimandjaro. Une superbe Afrique que l’on ne peut qu’aimer !

En 2018 ce fut un défi plus musclé et inattendu, en Asie, sur les traces de deux héros Cigévistes sur l’Himalaya : Maurice Herzog vainqueur de l’Annapurna (8000m en 1950) et Ardito Desio vainqueur du Cape Due ou K2 (8100m en 1954). C’est ainsi qu’avec Zied Trimèche et Arne Radetsky on est arrivé à 6200m au cœur de l’Himalaya au nez de l’Everest.

En 2018/2019 enfin. Cap sur l’Amérique latine, sur les montagnes de l’Equateur et escalade d’une montagne avec volcan actif et avalanches imprévues. La mort en bout de piste, l’adrénaline dans chaque pore dilaté de mon corps et un brin de folie pour continuer. Ascension en solo de quelques pics Pasochao 4200m, Pichincha 4700m, Corazon 4800m, Iliniza Norte 5130m et Cotopaxi 5895m, en sachant que la ligne de l’équateur donne en fait 1000m de plus par rapport à l’Himalaya par exemple.

Advienne que pourra et remontons les étapes de cette dernière aventure. Reprise de mes SMS live et de textes sur Messenger pour garder intacte l’atmosphère de l’instant de ce périple qui me mena de Munich à Quito en Equateur via Bogota en Colombie.

12 décembre 2018, 20:51.

En plein vol. Finally on the way, tant de préparation, tant d’entraînement, 5 kg de poids en moins (pour mieux grimper), et j’ai eu les sièges exit… Now Bamos a Bogota avec Avianca, avec 14 heures de vol.

13 décembre, 11:23.

Bien arrivé en Colombie el pais du Pablo Escobar… Ahah 3 h et continuation vers Quito … le vol super facile, j’ai dormis presque tout le temps, j’ai eu de la chance, un siège exit donc très relaxe… On dirait un vol Munich-Tunis mais 12 h… Conclusion : il faut prendre toujours des vols de nuit ! Nettement plus facile à gérer besos.

13 décembre PM.

Chère famille, enfin à Quito, la ville à la plus haute altitude du monde (2800m) après Lapaz en Bolivie… Bonne nouvelle, j’ai déjà ma Sim carte mon N° de téléphone avec Internet +593 987143503, et même une voiture mini Chevrolet rouge. Maintenant Google Map on et je vais directement sur Machache à l’entrée du national park Cotopaxi besos love you all.

13 décembre, 18:25.

Enfin à la hacienda à l’entrée du Park Cotopaxi à 2900m… Chambre super wow avec vue sur la nature… Je me suis arrêté sur la route et j’ai acheté 6 bouteilles d’eau et plein de fruits mango banana, etc., pour bien commencer demain … La monnaie du pays est curieusement le US dollar… mais c’est pas cher, apparemment bon par rapport à l’Allemagne, koffa de fruits et 6 bouteilles d’eau en plastique à 8 dollars… Ils m’ont offert du thé avec un goût de cocaïne pour bien respirer ahah et 2 trucs je sais pas quoi… Il pleut un peu ; je me repose un peu puis je sors marcher dans les environs… Aujourd’hui relax et dormir tôt, je suis kaput et demain la montagne Paschoa 4200 m si tout va bien… besos.

14 décembre, 11:23.

Guten Morgen, il est 5:00 du matin, temps de se réveiller, méditer, préparer mon sac pour la journée et manger quelque chose. Vers 7:00, j’attaque ma première montagne pour m’acclimater à l’altitude… Il faut 5 heures de marche pour arriver 4200 m ; je vais essayer de rester une heure à cette altitude et redescendre. J’espère pas beaucoup de pluie… J’ai téléchargé un GPS track. Donc ça devrait être sans problème, on verra… Voilà une photo du Pasochoa … à toute, besos …

15 décembre, 02:53.

Une journée chaotique mais maintenant ça va… D’abord, je suis sorti en retard car j’ai parlé longuement au petit déjeuner avec le propriétaire, Xavier, celui qui va me trouver un guide local… Donc pas besoin de passer par une agence… Sur la route, embouteillage, je perds du temps ; ensuite, quand j’ai trouvé le chemin, un pont est fermé, une équipe de maintenance travaille pour le réparer. Je prends un autre chemin que j’ai trouvé sur Google Map pour contourner le pont… et à la fin du nouveau chemin, une grande porte fermée… avec plusieurs indications que personne ne peut passer. Je retourne au pont et j’ai demandé comment faire ; je dois aller à l’entrée du parc Pasochao ; ils m’ont expliqué qu’il faut reprendre l’autoroute la Panamerica et prendre une autre sortie encore plus lointaine.

Ok, ça marche… Me voilà après 2 ou 3 heures de retard sur mon plan initial à l’entrée du parc… je signe dans la liste des visiteurs, bon je suis le seul.

Et Up to the mountain… Elle m’a dit «tu n’as aucune chance d’arriver au sommet…». Je suis en retard. D’après elle j’ai besoin au minimum de 8 heures et ils ferment le gate, Porte Centrale du parc, à 17:00… Il était 10:30 du matin et j’ai dis «Ok, je tente le max et je reviens a 17:00.» Le chemin est long et au début je marche dans la forêt; on ne voit même pas le ciel tellement les arbres sont grands.

En fait pourquoi les montagnes sont plus hautes près de l’équateur ?

Ici, le Chimborazo peut être défini comme le plus haut sommet du monde, en le considérant comme le sommet le plus éloigné du centre de la Terre.

En effet, la terre a une forme d’ellipsoïde, dont le rayon est environ 21 km plus important à l’équateur qu’aux pôles, et le Chimborazo est proche de cet équateur, plus que les sommets de l’Himalaya. Selon des chercheurs scientifiques franco-équatoriens, le sommet du Chimborazo se trouve à 6384m du centre de la Terre tandis que l’Everest en est distant de 6382m.

C’est humide et mon t-shirt est trompé de sueur

Après environ 4 heures d’escalade, j’atteins les 3700 m donc 1000 mètres d’altitude, au premier jour, c’est beaucoup ou trop rapide pour s’acclimater… et je décide de rebrousser chemin vers 14:30, la limite magique à ne pas dépasser car il faut compter environ 3 heures pour le retour… en plus à 18:00, il fait nuit.

Je commence la descente et l’orage éclate… toute la boue devient hyper glissante… j’ai glissé une dizaine de fois mais grâce à mes trekking pôles, les bâtons en carbone très légers et liés directement à un gant dans chaque main, j’ai pu chaque fois me ressaisir… malgré la concentration, les pentes sont vraiment très inclinés et la pluie a tout transformé en boue… et boof, je tombe encore une fois et le bâton de la main droite n’a pas pu me tenir, il se casse en 2. Je ramasse les bouts, je les mets dans mon sac à dos où j’ai déjà mis mon imperméable et la couverture plastique de mon sac à dos où je garde mon argent, passeport, etc… Je continue la descente avec un seul bâton mais plus lentement.

Il pleut beaucoup et j’ai très chaud… je transpire terriblement mais comme je porte un imperméable impossible à mon corps de se refroidir un peu…. Il est maintenant 16:00, il reste une heure. Je suis confiant de réussir; j’ai besoin de ma voiture car si jamais j’arrive en retard, ils ferment la porte de sortie et je serais bloqué pour la nuit dans la montagne.

Je m’arrête comme si j’allais mourir

Mais le hasard a voulu autrement… quelque chose de très bizarre se passe dans mon corps, je n’arrive plus à marcher ou à respirer normalement…
Aucune possibilité de faire un pas de plus… je suis pourtant hyper entraîné depuis un an et j’ai gagné beaucoup d’expérience les 5 dernières années dans les montagnes mais ce malaise c’est quelque chose de nouveau.

Même si je m’arrête je me sens très mal.

Est-ce la maudite maladie de la haute altitude ? Ou mal aigu des montagnes… que je connais bien dans mes divers aventures des années précédentes… là c’est différent… une chose est sûre je n’ai plus d’eau ou juste 200 ml.

Au départ, j’avais 3 litres d’eau… mais comme j’ai transpiré comme jamais de ma vie à cause de l’humidité et de la chaleur… j’ai perdu beaucoup de sels minéraux et beaucoup d’eau… je mets mon sac sur un petit rocher et m’assois dessus ; après 5 minutes, j’ai eu l’impression que mon état s’améliore un peu et j’ai décidé de continuer… mais après 2 minutes, le malaise est plus fort que jamais… je me suis dit que c’est une crise cardiaque, peut-être à cause de l’effort extrême à haute altitude ; le 2e jour de mon arrivée, mon corps a besoin du temps pour s’acclimater peut être…

J’ai dit merde je vais mourir à quelques minutes du gate

Après 7 heures, pour arriver presque au sommet et juste au retour, à la fin, je m’effondre… mais normalement quand tu descends de la montagne, les symptômes de la maladie d’altitude diminuent ; donc ce n’est pas ce que j’ai, mais c’est quoi ? Je décide de boire les 200 ml qui restent et d’y mettre une tablette effervescente de ISO… un mélange de tous les sels minéraux important pour le corps : kalium, natrium, etc. C’est une petite boîte avec d’autres que j’ai toujours dans mon sac quand je vais dans les montagnes pour aider le corps à se régénérer vite quand je transpire beaucoup… et comme par magie après 5 minutes je me lève et je respire de plus en plus facilement… je ne m’arrête plus … j’ai comme une nouvelle énergie… J’arrive au Gate de l’entrée 10 minutes en retard mais personne ne m’a posé de problème pour quitter cette montagne…

Je trouve par hasard une bouteille d’eau dans le siège arrière de la voiture, elle est sûrement tombée de mon sac hier quand j’ai acheté plusieurs bouteilles… Je me sens OK et je rentre à mon hacienda pour une bonne soupe chaude… j’enlève tous mes vêtements mouillés, mes chaussures et chaussettes comme si je suis tombé dans une piscine… je mets des vêtements secs et je vais dîner pour le moment ; je vais bien Alles gut et j’ai appris la leçon pour le futur a prendre ce complément bien au début si je transpire beaucoup et si je porte en plus une veste qui ne laisse pas mon corps et peau «respirer» et se refroidir… et il faut prendre plus d’eau… mais pour les sommets plus haut c’est une autre météo et cela sera impossible même de transpirer à cause du froid… donc ce mélange pour moi est nouveau et je ferai plus attention la prochaine fois… voilà un texte en allemand que j’ai trouvé après sur internet et qui explique ce phénomène. Bisous love you Alles gut.

15 décembre, 22:20.

Alles klar ! Je viens de descendre du Pinschacha 4700m à peu près le Mont Blanc, le sommet le plus haut d’Europe. Mon corps se porte à merveille ; il faut toucher du bois… les glaciers arrivent bientôt… tout s’est très bien déroulé… Love you all, je vais vous envoyer après une vidéo et raconter un peu l’ascension… bisous.

Maintenant Quito je dois acheter un bâton de marche et des bouteilles hard plastique car aujourd’hui j’ai emmené sur mon dos un pack de bouteilles 4 ou 5 litres ahah comme un chameau …

16 décembre, à 03:21.

Dans la route des volcans comme on l’appelle en espagnol, mirador de los volcanes, qui abrite 30 volcans de 3500 mètres à 6300 mètres. J’attaque aujourd’hui le Pinschacha, 4700 m… C’est une montagne connue pour l’acclimatation à la haute altitude… pour arriver au sommet, «cumbre», comme on dit en espagnol, il faut 3 à 4 heures et la descente 2 h max…

Après le malaise que j’ai eu hier au Pasochao 4200, j’ai décidé aujourd’hui de, premièrement, marcher plus lentement, et ensuite de bien m’hydrater…

La clé de l’acclimatation à la haute altitude c’est de boire 6 à 8 litres par jour… car dans l’altitude la pression de l’air diminue ce qui fait qu’on trouve moins de molécules d’oxygène dans le volume des poumons et le corps humain pour compenser ce déficit d’oxygène essaye de produire plus de globules rouges qui eux transportent l’oxygène dans les cellules… Et pour cela il faut boire beaucoup d’eau surtout lors de l’effort dans l’altitude car le corps durant l’effort consomme le plus d’oxygène surtout les muscles… et donc boire de l’eau fluidifie le sang et améliore la circulation sanguine et aide ainsi au processus de l’acclimatation à la haute altitude…

Une personne normale ne peut jamais arriver à une haute altitude sans acclimatation ; elle meurt tout simplement sur le coup… ou bien si elle ne fournit aucun effort physique avec hélicoptère ou voiture et pour une courte durée; bref pour moi, aujourd’hui, j’ai pris 4 litres d’eau, on dirait un chameau avec un caisson de bouteilles d’eau, et je bois 3 petites gorgées chaque 10 minutes lors de l’ascension.

Me voilà maintenant au sommet après 3 heures d’efforts continus comme si tu prends l’escalier d’un immeuble et tu montes non-stop pendant 3 heures, sauf que là, tu es à plus de 4000 mètres avec beaucoup moins d’oxygène… Il y a eu quelques passages difficiles où il faut grimper avec les mains mais en gros ça reste une montagne assez facile… Au sommet je trouve un garçon blond aux yeux bleus à qui je demande de me prendre en photo… et ensuite j’enchaîne une petite conversation en lui demandant est-ce que c’est son premier sommet ?

Et il me répond que oui mais il compte faire le Illina Norte 5200m, le Cotopaxi 5900m

Et le Chimborazo 6300 wow exactement comme moi. Ah mais il me dit aussi qu’il veut aller après à l’Aconcagua en Argentine 6800 mètres, voilà un programme courageux, je me suis dit. Il me demande d’où je viens, j’ai répondu de la Tunisie et toi ?

Il m’a dit de l’Égypte, aha, mais je vis en Norvège, de mère norvégienne… wow le monde est petit : 2 personnes du nord de l’Afrique qui se rencontrent dans un sommet en Amérique du Sud et le voilà qui me parle en arabe… il était sympa et on s’est dit peut-être qu’on se verra a Illina Norte… Juste après, je commence la descente avec prudence… pas le droit à l’erreur car personne ne peut freiner une chute si jamais je glisse, surtout quand la pente est raide… bref tout se passe bien et je suis hyper content pour aujourd’hui. Mon corps a tenu le coup et j’espère qu’il pourra encore le faire pour les montagnes que je compte escalader les jours à venir, besos love you all

17 décembre, 13:00. Au cumbre (sommet) de Corazon, 4800m

Aujourd’hui une journée qui s’annonce difficile. Le programme, c’est l’ascension du Corazon, 4800m … J’arrive au Main gate ou l’entrée principale du parc et je commence à marcher vers la montagne, mon point de départ est 3700m d’altitude, donc une ascension de 1100 mètres d’altitude pour arriver au sommet et au minimum 15 km; c’est un programme assez long…

Après 2 heures de marche, je fais une pause et je constate que je n’ai qu’une bouteille d’eau de un litre… C’est la panique totale alors que j’avais normalement encore une bouteille de 2 litres mais je ne la trouve pas dans mon sac… que faire ? continuer l’ascension ou rebrousser chemin ?

J’avais tellement envie d’escalader cette montagne et c’est un programme obligatoire pour mon acclimatation pour les prochaines montagnes des 6000m… j’ai décidé de continuer malgré tout ; je savais que cette bouteille ne suffirait jamais pour toute une journée de 7 heures d’ascension ; en plus, en altitude on boit 2 fois plus que normal… Je me suis dit que j’avance jusqu’à mon max, si j’aurais très soif et mon corps s’affaiblit, je retourne vite

Après exactement une heure je vois un groupe de jeunes alpinistes qui sont sur le chemin du retour à qui je demande gentiment si une personne à un peu d’eau extra à me donner puisqu’ils sont à la fin de leur tour et moi au début… et les voilà tous qui ouvrent vite leur sacs à dos et chacun se précipite pour me donner en premier le reste d’eau de sa bouteille… C’est tellement génial, j’étais ému, c’est tellement gentil… J’avais les larmes aux yeux… et enfin, je peux continuer mon ascension… le moral est au top.

Maintenant… j’entame la partie la plus difficile où on doit grimper avec les mains pendant 2 heures au minimum…

J’ai déjà de l’expérience dans ce genre de montages mais je ne savais pas que, dans cette montagne, les roches n’étaient pas stablew et qu’elles se détachent parfois facilement … ce qui a coûté la vie à une Allemande l’année dernière, d’après ce que j’ai lu.

Ma technique est simple : je teste la stabilité des roches avant de m’appuyer dessus. Je dois avoir toujours 3 points fixes ou bien 2 pieds et une main ou 2 mains et un pied et je n’enchaîne le mouvement suivant que si je suis sûr d’être dans une position stable… Bref c’est la théorie mais en pratique parfois c’est plus compliqué… Je me trouve accroché à une roche, mon ventre qui la touche mais 2 mains et pieds écartés et je ne trouve pas d’endroit favorable pour continuer le mouvement suivant vers le haut.

Je suis bloqué même pour retourner c’est impossible

Deux Chinois qui ont abandonné l’idée d’aller au sommet, dans leur descente, ils me trouvent accroché et proposent de m’aider mais comment ? Ils n’ont pas de corde et personne n’a une position stable horizontal à 100%; donc pour eux aussi c’est risqué mais pour moi aussi.

J’ai décidé de bouger ma jambe à droite au maximum afin d’atteindre un bout d’une autre roche et là j’ai pu m’en sortir…

100% peur oui; 200% adrénaline oui aussi

Les Chinois m’avertissent que les roches sont très instables et ils préfèrent rebrousser chemin. J’ai dit : je vais continuer un peu pour voir moi-même l’état du terrain et j’ai décidé de rebrousser mon chemin si cela se complique beaucoup…

Pas à pas, concentré à 100%, j’ai pu atteindre le sommet. Dans chaque mouvement, mon univers est réduit aux 20 cm devant mes pieds… et avec cette même technique pas par pas je suis redescendu.
Encore une longue marche mais là le terrain n’est pas dangereux alors je chantais seul à haute voix et j’admirais la beauté de ces paysages… quelle journée !

Un grand huit émotionnel… Love you all !

18 décembre, 17:49.

Chère famille, je suis en route pour la montagne Iliniza Norte 5200m le sommet sur 2 jours et dormir haut dans Montagne… J’ai emmené un sac de couchage et juste quelques trucs, le reste à la hacienda… Je ne sais pas si j’aurais du réseau donc je rentre normalement demain vers 17-18:00 donc 11 h ou minuit chez vous… si je peux donner de mes nouvelles avant, je le ferais, bisous, love you all.

19 décembre, 17:47.

Bonjour tout va bien je suis arrivé au sommet 5200 dans des conditions météorologiques extrêmes, des vents et brouillard et chemin assez technique vu la neige et ligne presque verticale (90°) d’escalade dans un passage (pasochao d’El muerte)…

Tout va bien je suis KO, en voiture, je rentre à l’hacienda …

21 décembre. Cotopaxi.

Aujourd’hui, au programme l’ascension du Cotopaxi 5895m, un des plus grands et des plus hauts volcans du monde…

Après tant de mois de préparations physiques et de sport en Allemagne et après la semaine d’acclimatation à l’altitude en Équateur… environ 50 km de marche dans les montagnes et d’acensions de plusieurs pics comme Pasochoa, 4200m, Pichincha 4700m, Corazon 4800m, Iliniza Norte 5150m…

Me voilà aujourd’hui à la dernière étape en face du Cotopaxi !

Après une petite marche d’une heure vers le refuge de la montagne… avec tout mon équipement nécessaire : sac de couchage, crampons, piolet, harnais, mousquetons, 3 gilets, 4 litres d’eau, des snacks, etc… J’arrive au refuge.

On est à 4800 m… dans quelques heures, à minuit, je commence l’ascension qui dure 10 à 12 heures ; je dois traverser les glaciers inclinés jusqu’à 50 degrés pour arriver au sommet…

L’ascension se fait la nuit car il faut descendre tôt le matin avant que le soleil devienne fort et augmente le risque de fonte de neige et diminue ainsi la stabilité du glacier.

Je dîne à 19h et j’essaie de dormir 3 heures avant l’ascension mais la pression monte et je n’arrive pas à dormir. À 23 heures, mon alarme réveil sonne; je suis déjà fatigué avant de commencer l’ascension, car normalement à cette heure-ci, je vais au lit pour me coucher.

Bref, très vite, je commence à enfiler mes vêtements… 2 chaussettes jusqu’au genou, collants thermo et un pantalon de ski épais et imperméable, un t-shirt de sport, un autre t-shirt thermo manches longues, un gilet Fleece, une polaire et une autre veste imperméable… et 2 gants.

Je fais une petite inspection sur tout l’équipement

Harnais, crampons, mousqueton, casque, etc., me voilà prêt. Au refuge, je bois un dernier thé de coca qui aide à mieux respirer dans l’altitude et me voilà déjà dehors… J’allume ma lampe de tête frontale et je commence moi et mon guide Cristian l’ascension… La nuit est claire, pas de nuages et la visibilité est excellente grâce à la pleine lune… on voit tout même sans torche… tous les indicateurs sont au vert pour atteindre le sommet…

Mais dans les montagnes et spécialement à cette haute altitude, la météo n’est pas très fiable et tout peut changer très vite… Juste après une heure de montée, soudainement, le vent devient de plus en plus fort… et après juste quelques minutes, on ne voit presque plus rien, brouillard et nuage… une tempête de neige violente s’abat sur nous !

On continue à avancer lentement… on fait une petite pause… Je sors ma bouteille d’eau et je la trouve complètement gelée, chose que j’ai déjà anticipé si jamais il ferait très froid… Heureusement, j’avais une vessie d’eau potable que je portais directement sur mon corps sous les couches de vêtements … c’est une technique pour que l’eau ne gèle pas… Je bois 2 gorgées et mon guide me fait déjà signe de continuer… On ne peut pas trop rester sans bouger ; on risque d’avoir des engelures… on continue à avancer pas à pas sur ce glacier avec une inclinaison de 45 à 50 degrés, où chaque pas devient de plus en plus dur à faire ; il faut utiliser les piolets pour avancer.

Mon énergie diminue au fur et à mesure qu’on avance

Je n’arrive plus à bien ouvrir les yeux tellement le vent souffle avec force… On dirait la fin du monde, l’apocalypse… tout mon corps crie de souffrance, manque d’oxygène à cette altitude où je respire difficilement. Mes doigts me font mal malgré les 2 gants. Les passages des crevasses sont tellement étroits et le vent souffle tellement fort que je dois toujours me forcer de pencher contre le vent pour ne pas tomber.

La neige est devenue poudreuse ce qui rend notre montée plus dure… Je fais 2 pas en haut et je recule automatiquement d’un pas en arrière… car ça glisse. Beaucoup de neige fraîche… donc il faut beaucoup plus d’effort pour monter… je n’ai pas le droit à l’erreur, si je glisse personne ne pourra arrêter ma chute et c’est la mort certaine.

Je dois sentir mes crampons s’enfoncer dans le glacier et être sûr de chaque mouvement de mes jambes. Une concentration continue et pas le droit de perdre la concentration par d’autres pensées car le risque de trébucher pourra me coûter la vie…

Mon humeur change chaque 10 minutes, une fois je me dis impossible je ne pourrais jamais arriver au sommet dans cette tempête, je vais mourir ici…

Juste quelques minutes après une autre énergie d’espoir m’envahit … et je me dis que oui pas à pas j’arriverais au sommet et je descendrais très vite après… et c’est ainsi que mon mental navigue par des hauts et des bas tout au long du chemin vers le haut…

À 7:00 du matin j’atteins le sommet

Une joie m’envahit mais pas de soulagement car le sommet c’est la moitié du chemin juste 50%. Il reste la descente… dans les montagnes la majorité des accidents se produisent dans la descente… le corps est fatiguée et la chute est toujours impardonnable… ce fut une longue descente mais tôt le matin, vers 10 heures, j’atteins enfin le refuge …

J’ai réussi l’ascension mais je pense que je n’ai jamais été aussi fatigué de ma vie… une belle aventure que je n’oublierai jamais !

23 décembre.

Un grand merci à vous tous pour votre soutien lors de mes ascensions dans les montagnes ici en Équateur… et spécialement merci à Skander de m’avoir aidé en me téléphonant tous les soirs avec des informations précises et précieuses sur les routes, la météo, le dosage des médicaments et tous les petits détails qui jouent un grand rôle pour réussir à atteindre les sommets… Un vrai coach, ahah, bisous, love you all.

Je m’excuse de vous avoir fait peur surtout Pa et Ma, mais croyez-moi, j’étais très prudent tout le temps

*CIGV-Allemagne

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