Le ministère public au tribunal de 1ère instance de Sousse a refusé cet après-midi, mercredi 7 août 2019, la décision du juge d’instruction, qui avait prononcé, plus tôt dans la journée, la libération de l’avocat J. H., détenu depuis le 17 juillet dernier, pour avoir tué par balle un voleur qui s’est introduit chez lui, à Sahloul.
Me Hafedh Brigui, membre du comité de défense de l’accusé, avait déclaré sur Mosaïque FM, que le juge d’instruction auprès du même tribunal avait accepté la demande de libération de l’avocat, accusé de meurtre. Or le ministère public s’est opposé à cette décision et maintenu Me H. J. en détention. Au grand dam de ses confrères qui ont laissé éclater leur colère après cette décision.
On rappellera que le tueur avait tiré avec son fusil de chasse dans le dos du cambrioleur introduit chez lui, selon les premiers résultats du rapport médical, cité, la semaine dernière, par Mohamed Helmi Missaoui, procureur adjoint et porte-parole du tribunal de Sousse.
Cette déclaration avait alors fâché les avocats, qui ont accusé M. Missaoui d’avoir rendu public des données d’une affaire en cours.
D’autre part, le Syndicat des fonctionnaires de la direction générale de la sécurité publique (SFDGSP) accuse des avocats, rassemblés, aujourd’hui, au tribunal, en soutien à leur collègue, d’avoir empêché des gardes pénitentiaires de regagner leurs véhicules et d’avoir fermé la sortie du tribunal, après la décision de justice relative au maintien en détention de Me H. J.
De son côté, Me Mohamed Mahjoub, membre de l’Ordre national des avocats tunisiens, a déclaré qu’un sit-in ouvert sera organisé au siège du tribunal de Sousse.
Faut-il rappeler à ces chers avocats qu’ils avaient vivement dénoncé, en février 2018, le rassemblement des policiers devant le tribunal de Ben Arous, en soutien aux agents accusés à tort d’avoir torturé un terroriste (Ameur Belazi) ? Un témoin de la foire d’empoigne aujourd’hui au tribunal de Sousse s’est interrogé, à juste titre, si celui qui avait tué le cambrioleur avec une balle dans le dos n’était pas avocat, aurait-il eu le droit à toute cette solidarité ou le corporatisme est-il devenu, aujourd’hui, un moyen pour piétiner la loi ?
Y. N.
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