La nouvelle tendance chez quelques nouveaux venus et les apprentis suivistes de la politique en Tunisie consiste à importer une nouvelle façon d’influencer la foule et de gagner les voix du peuple : «Changer tout en un spectacle».
Par Tahar Labassi *
Cette article est inspiré par une étude que mon ami Kroes Rob, éminent politologue, professeur à l’université d’Amsterdam, a publié dans la prestigieuse revue ‘‘Society’’ (avril 2019).
Ces extraits de son article reproduits ci-dessous nous aident beaucoup à voir plus clair dans la scène politique tunisienne à la veille des élections présidentielles et législatives.
La nouvelle tendance chez quelques nouveaux venus et les apprentis suivistes, consiste à importer une nouvelle façon d’influencer la foule, de gagner les voix du peuple : «Changer tout en un spectacle».
Cette nouvelle façon est fortement critiquée par les éminents politologues en Occident. Rob explique cette nouvelle tendance qui a donné les Donald Trump, Emmanuel Macron et un animateur télé en Ukraine. Chez nous, des mauvaises copies prennent les devants.
L’article de Rob nous aide non seulement à comprendre le phénomène mais aussi à proposer des stratégies de résistance.
Extrait 1 : «No more need of fine distinctions between reality and its entertainment version; spectacle and entertainment are the new reality. America’s president now seems simply to continue performing his reality-TV persona, which made him a public figure. »
Traduction : «Plus besoin de distinguer entre la réalité et sa version divertissement. Le spectacle et le divertissement sont la nouvelle réalité. Il paraît que le président américain est en train de jouer son personnage de téléréalité qui l’a rendu une figure publique».
On ne distingue plus entre la réalité et sa version télévision qu’on voit dans des émissions de Alaa Chebbi ou de Sami Fehri. Trump a commencé comme animateur de télévision, il n’a fait qu’étendre son champ d’action en devenant président et en continuant son show. Ne vous étonnez pas si Fehri ne fera pas de même en 2024. Aujourd’hui c’est Nabil Karoui qui franchit le pas; si on s’en sort de l’affaire Karoui qui veut sortir de son écran, qui veut nous convaincre qu’il n’y a qu’un pas à franchir entre le show et la réalité, tout comme Trump, demain ça sera Fehri et puis pourquoi pas Chebbi ou même Naoufel Ouertani.
Où se situe le rôle de ceux qui ont le devoir d’arrêter ce simulacre ?
Comment faire face à ces nouvelles formes d’aliénation ? Les questions auxquelles on devrait répondre sont dans ces 4 citations suivantes extraites de l’article de mon ami Rob :
Extrait 2: «How can we begin to see through its chimeras and see the true movers and shakers guiding them?»
Traduction : «Comment peut-on commencer à voir à travers les chimères pour percevoir les vrais tenants et agitateurs qui les guident ?»
Extrait 3. «What are the forces of motion giving sense and direction in this highly abstract power play?»
Traduction : «Quelles sont les forces de mouvement qui donnent un sens et une direction à ce jeu de pouvoir hautement abstrait ?»
Extrait 4. «How are we to recognize the guiding hands in this process?»
Traduction : «Comment reconnaître les mains qui dirigent ce processus?»
Et surtout:
Extrait 5. «Whose interests are being served if not those of the democratic public ?»
Traduction : «À qui profitent ces projets si ce n’est au grand public ?»
* Universitaire.
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