Depuis le printemps arabe face au chômage élevé, 100.000 jeunes ont quitté la Tunisie. Cependant, un nombre croissant de startups et une culture d’entrepreneuriat laissent présager un avenir meilleur pour la jeunesse du pays. Extraits d’un article consacré à ce sujet par « The Guardian« .
La mort de Mohamed Bouazizi a touché des millions de personnes qui espéraient que cela inspirerait un changement en Tunisie, en particulier dans la vie des jeunes. Mais le taux de chômage reste élevé. Près de la moitié de la population tunisienne a moins de 25 ans, et plus de 35% d’entre eux sont au chômage.
La Tunisie est également l’un des rares pays au monde, où un niveau d’enseignement supérieur réduit l’employabilité: le taux d’emploi des diplômés est d’environ 25%. Beaucoup de jeunes Tunisiens sont scolarisés, mais ils sont incapables de trouver un emploi correspondant à leur domaine ou à leurs compétences.
Le soulèvement d’il y a 8 ans montre à quel point les conséquences peuvent être graves. Pour les communautés marginalisées, en particulier celles situées en dehors de la capitale Tunis, le problème est beaucoup plus grave.
La transition économique doit suivre la transition démocratique
Selon Steve Utterwulghe du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), «la transition économique doit suivre la transition démocratique ou aller de pair. Mais il existe une inadéquation des compétences et une certaine déconnexion entre ce que les jeunes apprennent à l’école, et la réalité et les exigences du marché du travail».
Avec peu de grandes entreprises installées dans le pays, la Tunisie connaît une culture croissante d’entrepreneuriat, de PME et de startups. Ce sont ces entreprises qui essaient maintenant d’aider les jeunes à sortir du chômage et de la pauvreté.
Créée en 2017, la startup Think-it est l’une d’elles. Elle met en contact les entreprises technologiques internationales et les jeunes brillants de Tunisie. Les diplômés sont formés aux nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle et la blockchain, afin de développer les compétences appropriées pour les entreprises partenaires de Think-it en Allemagne et aux États-Unis, leur permettant de gagner de bons salaires sans quitter leur pays d’origine. Think-it a déjà aidé 30 personnes dans des emplois technologiques.
Les jeunes créent leurs propres opportunités d’emploi
Mashrou3i, un programme d’entrepreneuriat pour les jeunes basé dans les régions tunisiennes, contribue à développer cette culture de l’esprit d’entreprise. Lancé en 2013 en tant que projet commun de l’Onudi, l’agence américaine d’aide au développement (Usaid), l’agence de développement italienne et la fondation HP, il vise à créer au moins 6.000 emplois d’ici 2021.
Les participants se voient proposer une formation et des cours allant de la création d’un plan d’entreprise ou d’un modèle bancable, aux compétences de base en informatique et en entrepreneuriat. Jusqu’à présent, Mashrou3i a contribué à la création d’environ 2.000 emplois et de 251 entreprises en démarrage, dont 40% dirigées par des femmes.
Utterwulghe ajoute que les jeunes Tunisiens sont déterminés à trouver des solutions pour eux-mêmes et pour les autres: «Ils sont très conscients des difficultés sociales que rencontrent les Tunisiens. Ils veulent trouver des solutions pour les autres jeunes et adultes en dehors de Tunis – les plus marginalisés du pays – par le biais de l’entrepreneuriat social et de l’environnement afin de prévenir les violences sexuelles. Ça va dans tous les sens. La solution pour les jeunes vient des jeunes.»
Une solution possible est Cogite, un espace de travail collaboratif basé à Tunis, qui tente d’ouvrir les portes aux jeunes entrepreneurs. Il fournit des mentors, un accès à la formation, à la finance, et aux réseaux.
En plus de soutenir les entreprises en démarrage, l’entreprise a elle-même créé des emplois en choisissant des membres pour gérer d’autres espaces de travail collaboratif Cogite à travers le pays.
Fondé en 2013, Cogite a été le premier espace de travail collaboratif au pays. Maintenant, il y en a plus de 40 au total dans les villes et les régions.
Traduit de l’anglais par Amina Mkada
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