Voulant illustrer son objectif de faire face aux inégalités sociales, Oxfam a entrepris, en Tunisie, une recherche pour identifier des entrées pouvant l’amener à adresser les questions relatives à l’amélioration des conditions de travail des femmes dans le secteur agricole, s’inspirant de l’expérience des fruits rouges d’Oxfam au Maroc.
C’est dans ce contexte que la confédération a organisé un séminaire de 2 jours, les 19 et 20 septembre 2019, portant sur l’amélioration des conditions de travail des femmes dans le secteur agricole en Tunisie et au Maroc et ce en présence de 30 participant(e)s du Maroc, de la Tunisie, de l’Italie et de l’Espagne représentant des associations de femmes travailleuses, des exploitants et producteurs agricoles
L’agriculture et un pilier économique, mal-intégrée dans la politique tunisienne
Représentant 9% du PIB et 16% des emplois, l’agriculture et incontestablement l’un des piliers de l’économie tunisienne. Malgré cela, les politiques publiques n’ont cessé de viser une amélioration de la rentabilité agricole, dans la dualité du maintien de prix bas pour la consommation locale, et la promotion de l’exportation pour assurer des rentrées en devise dans le pays, sans pour autant songer à intégrer dans leur vision et leurs plans d’actions des solutions orientées vers l’amélioration des condition de travail des personnes exerçant dans ce secteur et principalement les ouvrières agricoles.
En effet, la main d’œuvre est principalement composée de femmes à plus de 70% travaillant majoritairement comme aides-familiales ou ouvrières occasionnelles. Une main d’œuvre féminine peu valorisée, peu rémunérée et demeurant dans le circuit informel, sans contrat de travail, sans bénéficier de couverture sociale, sans transport digne et sécurisé, sans possibilités de se syndiquer ou se regrouper, et loin des conditions d’un travail décent. 73,5% des ouvrières agricoles ne sont par exemple pas assurées contre les risques professionnels (source INS, recensement 2014).
Un cadre légal limité
Les travailleuses ne sont pas non plus représentées au sein des syndicats et n’ont pas d’espace pour faire entendre leurs revendications et leurs voix : leurs besoins ne sont donc pas pris en compte.
Le cadre légal régissant le travail agricole saisonnier a ses limites ; sa seule référence est le code du travail tunisien qui détermine la nature du contrat (à durée détermine ou indéterminée) et n’est par conséquent pas adapté à la nature du travail saisonnier agricole.
Une recherche pour améliorer la situation
Dans le cadre de ses efforts pour faire face aux inégalités et l’élimination de la pauvreté, Oxfam en Tunisie a entrepris une recherche pour identifier des entrées, pouvant l’amener à adresser ces questions en Tunisie, s’inspirant de l’expérience des fruits rouges d’Oxfam au Maroc.
Sur la base de critères objectifs, le choix s’est porté sur la filière de l’huile d’olive, afin de tester des approches et des modèles à même d’ouvrir d’autres opportunités de réformes dans le secteur agricole, au profit des maillons les plus faibles, notamment la main d’œuvre agricole et les femmes travaillant en milieu rural.
Supporté par l’Open Society Foundation (OSF), ce projet a pour objectif spécifique de «renforcer l’engagement et les efforts des parties prenantes de la société civile et des secteurs public et privé pour promouvoir les conditions de travail décent et la répartition équitable des bénéfices en faveur des femmes et les exploitant(e)s à petite échelle dans la chaîne de valeur de l’huile d’olive en Tunisie».
Dans le cadre de ce projet, plusieurs activités ont été menées afin de mieux impliquer les différents acteurs et parties prenantes dans la réflexion et la proposition des pistes d’action à même de réduire les inégalités dont souffrent les maillons en amont de la chaine de production.
Les grandes entreprises productrices de l’huile sont un levier déterminant dans cette chaine de valeur. Elles sont des acteurs qui ont une influence aussi bien en amont de la chaine que sur le marché national et international.
Par ailleurs, ces entreprises font face à des défis conjoncturels et structurels. D’où l’intérêt de les associer dans la recherche des solutions réduisant les inégalités dans la chaîne de valeur de l’huile d’olive en Tunisie.
De nos jours, les enjeux du développement et de la création de la valeur et des richesses nécessitent un nouveau genre d’interactions entre la société civile, l’Etat et le secteur privé, dont l’engagement devient la seule garantie d’un développement durable et équitable
Le projet vise à renforcer le dialogue multi-acteurs permettant de réduire les inégalités dans le secteur agricole et l’accès des femmes en milieu rural à des conditions de travail décent à travers le partage des expériences et des bonnes pratiques internationale dans le secteur agricole.
Source : Communiqué
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