A 10 jours de la date du scrutin relatif au deuxième tour de l’élection présidentielle, des documents dangereux ont été découverts dans la soirée d’hier, 2 octobre 2019, sur le site du ministère de la Justice américain, par le journal lobbying al-monitor, impliquant l’un des deux candidats qualifiés, à savoir Nabil Karoui, dans une affaire de manipulation politique à une échelle internationale…
Par Cherif Ben Younes
Selon les documents en question, le candidat de Qalb Tounes aurait passé un accord avec la boîte de lobbying canadienne, opérant aux États-Unis, Dickens and Madson et dirigée par Ari Ben-Menashe, ancien officier du renseignement de l’armée israélienne, courtier en armements international et ancien conseiller du chef de l’ancien gouvernement israélien.
Une manipulation politique qui coûte 1 million de dollars US
Un accord qui stipulerait le versement de 1 million de dollars US, soit environ 3 millions de dinars tunisiens (MDT), de la part de Nabil Karoui, pour la boîte en question, afin d’influencer des cercles de pouvoir américains, russes, européens, ainsi que d’autres puissances et organisations, en vue de le soutenir aux élections, d’organiser une réunion avec Donald Trump et Vladimir Poutine, présidents des Etats-Unis et de Russie, avant les élections, et de collecter des ressources matérielles pour appuyer sa campagne et faciliter, ainsi, l’accession du candidat à la présidence de la République Tunisienne.
En attendant l’authentification de ces documents par les autorités judiciaires, on peut s’interroger sur la mauvaise tournure prise par la campagne électorale pour la présidentielle…
En effet, quand on sait que le maximum que peuvent faire les institutions tunisiennes officielles, chargées d’encadrer les élections, telle que l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), pour jouer leur rôle face aux abus des médias et des candidats aux élections, est d’infliger des amendes de quelques milliers de dinars (Nessma, la chaîne de télévision de M. Karoui a, à titre d’exemple, écopé d’une amende de 80.000 dinars cette semaine), cela prête à sourire. Car, visiblement, ce monsieur «joue à une autre division» pour emprunter une expression venant du monde du sport.
Copies des documents diffusés hier soir par Jaouhar Ben M’barek, professeur de droit constitutionnel
Les candidatures de Karoui et de Qalb Tounes, aux élections, survivraient-elles à ce nouveau scandale ?
Il va sans dire que cette affaire est considérée comme un soutien et un financement étrangers, et un dépassement des limites fixées par l’Isie pour le financement des campagnes électorales. Une double-infraction donc, que la loi électorale considère comme des crimes pouvant faire chuter la candidature de M. Karoui à la présidentielle, ainsi que celles des listes de son parti aux législatives.
Rappelons que le candidat controversé de Qalb Tounes est, depuis le 23 août, en détention préventive, pour d’autres affaires liées au blanchiment d’argent, à l’évasion fiscale et à la corruption financière. Ce nouveau scandale, s’il se confirmait, ne va sans doute pas arranger ses affaires, en vue d’accéder au Palais de Carthage, bénéficier de l’immunité présidentielle et se soustraire à la justice.
La balle est donc maintenant dans le camp de l’Isie qui doit assumer ses responsabilités et vérifier toute ces données, afin de garantir la transparence d’un scrutin déjà pourri par l’affaire Nabil Karoui.
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