«Les fonds alloués à la remise à niveau de l’infrastructure tunisienne sont absorbés, depuis la révolution, par l’augmentation de la masse salariale et la subvention de certains produits». C’est ainsi que Taoufik Rajhi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Grandes réformes, a commenté les inondations qui ont eu lieu hier, 29 octobre 2019, et qui ont touché plusieurs gouvernorats, dont le Grand-Tunis.
Invité, hier soir, à l’émission « Tounes El Yaoum » sur la chaîne de télévision El Hiwar Ettounsi, le ministre a estimé que les fonds pouvant être investis dans l’amélioration et la réparation de l’infrastructure défaillante sont malheureusement récupérés par l’augmentation des dépenses de l’Etat, notamment en ce qui concerne la masse salariale et les mécanismes de subvention, absorbant une bonne part du budget de l’Etat.
M. Rajhi a, donc, appelé à «arrêter avec les slogans populistes et à comprendre d’où vient réellement l’endettement de l’Etat.»
«L’endettement vient de notre déficit : nous dépensons plus que ce que nous faisons rentrer aux caisses de l’Etat, et nos dépenses sont principalement liées au paiement des salaires et aux subventions. L’argent a été dépensé en subventions diverses. Electricité, gaz, carburant, sucre, thé, café, eau… Même les spectacles et les feuilletons sont parfois subventionnés. Tout le pays vit grâce aux subventions de l’Etat. L’argent a été dépensé en Tunisie et pour les Tunisiens. Nous avons une responsabilité collective dans cet endettement… Même lorsqu’on achète une baguette, on y participe», a-t-il développé.
L’économiste est, par ailleurs, revenu sur la suggestion implicite du nouveau président de la République, Kaïs Saïed, aux Tunisiens, consistant à faire don d’un jour de salaire, mensuellement, pendant les cinq prochaines années de son mandat, pour aider à sortir le pays de la crise et améliorer les services publics. Pour lui, il faudrait élargir cette proposition et même l’institutionnaliser. Car l’Etat ne peut plus continuer à s’endetter pour seulement consommer et hypothéquer l’avenir des générations à venir.
«Cette proposition ne devrait pas toucher seulement les salariés, mais pourquoi pas aussi certaines entreprises, comme les banques par exemple. Il faut aussi l’élargir pour qu’elle couvre les personnes impliquées dans les affaires de corruption. Pourquoi les mettre en prison quand on peut récupérer de l’argent pour l’Etat ? On peut aussi créer l’impôt sur la fortune, mais il faudrait l’institutionnaliser par la création d’une caisse. La France l’a fait, elle a une caisse d’amortissement de la dette sociale; nous pouvons faire quelque chose dans ce sens et cela rapportera des fonds pour le pays», a-t-il expliqué.
C. B. Y.
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