Sami Fehri, patron de la chaîne de télévision El Hiwar Ettounsi, a publié hier soir, 1er novembre 2019 , l’avertissement que lui a transmis le représentant légal du parti islamiste Ennahdha.
Le message, signé par le représentant légal d’Ennahdha, Yahia Bouchadekh, porte sur le projet envisagé par Fehri de diffuser un entretien avec Me Taieb Bessadok, avocat de Olfa Riahi, qui avait fuité les premières informations sur les deux célèbres affaires d’abus de biens publics (hôtel Sheraton et don chinois) impliquant Rafik Ben Abdessalem Bouchlaka, ancien ministre des Affaires étrangères, et gendre de Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha.
Ennahdha – à travers son représentant légal – prévient dans son avertissement qu’il n’acceptera pas à l’avenir qu’on lui porte préjudice et entache sa réputation et son image par de fausses allégations, en menaçant de porter plainte contre Sami Fehri et sa chaîne de télévision en cas de diffusion de l’entretien en question.
Ennahdha a aussi menacé d’exiger des dommages et intérêts de Sami Fehri et de sa chaîne télévisée.
Il n’a pas fallu plus pour que Sami Fehri fasse – très courageusement – marche arrière et retire la bande annonce de l’émission annoncée de tous les supports de communication de la chaîne, laissant croire qu’à la suite de ce chantage, un arrangement a été trouvé avec Ennahdha. A moins qu’il ait jugé le contenu de l’émission pas assez solide pour être défendu devant un juge.
En se ravisant, Sami Fehri, déjà poursuivi pour corruption depuis 2011 dans l’affaire dite de Cactus Prod, son ancienne boîte de production confisquée par l’Etat tunisien, a voulu éviter le risque d’une nouvelle affaire dont il se passerait volontiers.
Au passage, son image, déjà peu reluisante, en a pris un sacré nouveau coup. Déjà poursuivi pour corruption, serait-il aussi devenu un maître chanteur qui utilise sa chaîne de télévision pour faire pression sur les partis politiques ? Difficile de ne pas le penser…
A. M.
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